Lexique
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Effektenkammer / Canada
Lieu où étaient stockés les biens (vêtements, objets divers) confisqués aux déportés lors de leur arrivée dans le camp. Ceux-ci étaient marqués à leur nom dans l’éventualité de leur être restitués.
[Auschwitz Birkenau] Dans ce camp, le lieu appelé « Canada » symbolisait une lointaine richesse. Il désignait concrètement deux secteurs, l’un près du camp d’Auschwitz, l’autre dans le camp de Birkenau (une trentaine de baraques) où furent emmagasinés les biens extorqués à plus d’un million de Juifs qui y furent déportés ; le fait qu’aucun enregistrement n’était effectué traduit l’assassinat programmé de tous les Juifs. Ces biens ont alimenté un fort trafic en faveur du Reich. Des vêtements usagers souvent dépareillés étaient gardés comme tenues pour les prisonniers et prisonnières.
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Einsatzgruppen
Ces « groupes d’intervention » étaient des escadrons mobiles de tuerie composés de plusieurs centaines d’hommes, principalement SS et policiers allemands, agissant sous le commandement d'officiers de la Police de sûreté (Sicherheitspolizei-Sipo) et du Service de sécurité (Sicherheitsdienst-SD). Ils avaient, notamment, pour mission d’assassiner les personnes identifiées comme ennemis (politiques ou « raciaux ») dans les pays baltes et à l’arrière des lignes allemandes en Union soviétique occupée : Juifs, Tsiganes, fonctionnaires de l'Etat soviétique, dirigeants du Parti communiste sont leurs principales victimes.
On identifie ce massacre systématique des Juifs d'Union soviétique qui a commencé dès l’invasion, en juin 1941, comme une première phase de la “Solution finale”, le programme nazi d'extermination de tous les Juifs européens. Entre juin 1941 et l'hiver 1943-1944, on estime qu'ils sont responsables dans ces régions de la mort de plus de deux millions de personnes.
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Enregistrement et immatriculation
A l'arrivée dans les camps, les déportés, hommes et femmes, subissaient un processus les transformant en Häftling (détenu.e.s) marqué par une dépersonnalisation et l'humiliation : « désinfection », rasage de l’ensemble du corps, tenue de prisonniers, établissement d'une fiche administrative, attribution d'un matricule.
[Auschwitz Birkenau] Seule une petite partie des déportés juifs subissait ce processus, la majorité étant assassinée dès l’arrivée. La pratique du tatouage du matricule – généralement sur l’avant-bras gauche – n’a existé que dans les camps du complexe concentrationnaire d’Auschwitz-Birkenau. Elle a concerné des non Juifs (notamment prisonniers allemands et polonais, politiques ou droits communs) et la petite fraction de déportés juifs, hommes et femmes qui, de la plupart des convois, était orientée vers le travail forcé mais qui n’en était pas moins condamnée à terme.
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Evacuations de camps
Durant l'automne 1944 et l'hiver 1945, les Allemands entreprennent de très nombreux transferts de prisonniers, généralement commandés par les impératifs de leur économie de guerre. Dans le contexte de l'offensive alliée en marche vers le Reich et de la situation générale de l'Allemagne nazie d'alors, ces transferts éffectués à pied ou par convois ferroviaires ont été particulièrement mortifères pour les déportés (Marches et Trains de la mort). Ils se sont poursuivis jusqu'en mai 1945.