Delbo Charlotte
1913, Vigneux-sur-Seine - 1985, Paris
Elle est issue d'une famille d'immigrés italiens. Son père est chef monteur-riveteur. Dès 1932, elle adhère aux Jeunesses communistes et en 1936 à l'Union des jeunes filles de France fondée par Danielle Casanova. Elle suit des cours dans le cadre de l'Université ouvrière (notamment économie politique, philosophie). Elle y fait la connaissance en 1934 de Georges Dudach, militant communiste, qu'elle épouse en 1936.
Elle suit une formation de secrétaire et commence à écrire en 1937 pour Les Cahiers de la jeunesse, journal communiste. A l'issue de l'interview de Louis Jouvet, celui-ci la recrute. En 1940, elle l’accompagne en Amérique latine mais décide de revenir en France en 1941 où son mari, Georges Dudach, est entré dans la clandestinité. Dans le réseau Politzer, ils contribuent à la publication des Lettres françaises (Jacques Decour en est le rédacteur en chef), et elle est chargée de l’écoute de Radio Londres et Radio Moscou ainsi que de la dactylographie de tracts et revues.
Ils sont arrêtés le 2 mars 1942, lors d’une opération à l'issue de laquelle sont également arrêtées Marie-Claude Vaillant-Couturier et Danielle Casanova. Georges Dudach est fusillé au Mont Valérien le 23 mai 1942.
Le 24 janvier 1943, Charlotte Delbo fait partie d’un convoi de 230 déportées résistantes dirigé vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Leur convoi emmène aussi plus de 1450 détenus hommes. Les wagons sont séparés à Halle, les hommes sont dirigés vers Sachsenhausen, les femmes vers Auschwitz.
C’est le seul convoi de femmes résistantes, non juives - certaines des femmes sont juives mais ne sont pas identifiées en tant telles - dirigé vers ce camp et non vers celui de Ravensbrück.
Elles sont internées dans le camp de Birkenau ; elles y entrent en chantant La Marseillaise. Elles ne subissent pas de sélection à l’arrivée, mais sont en revanche tatouées (elle reçoit le Matricule 31661). La série de leur matricule fera nommée ces femmes « les 31 000 ». Pendant l’été 1943, elle est transférée au Kommando de Raïsko où les conditions sont moins difficiles (lieu de recherche sur le kok-saghyz). Le 7 janvier 1944, avec d'autres femmes survivantes du convoi de janvier 1943, elle est transférée vers le camp de Ravensbrück (Matricule 26007).
Elle est libérée le 23 avril 1945. A son retour, elle reste engagée, écrit plusieurs récits et poèmes sur la déportation, publiés à partir de 1965.
- Le Convoi du 24 janvier, Paris, Les Éditions de Minuit, 1965
- Aucun de nous ne reviendra, Genèves, Editions Gonthier, 1965
- Aucun de nous ne reviendra, Paris, Les Éditions de Minuit, 1970
- Une connaissance inutile, Paris, Les Éditions de Minuit, 1970
- Mesure de nos jours, Paris, Les Éditions de Minuit, 1971
- La Mémoire et les Jours, Paris, Berg International, 1985