Nous refusâmes la distribution de la soupe

Nous arrivons chez Heinkel par le block 6. Réception par le sunder fuhrer qui nous fait un discours: Grandeur de l’Europe et la  collaboration. Devant nos sourires non déguisés, le SS s’emporte et nous dit qu’il y a autour du camp assez d’arbres pour pendre ceux qui n’auraient pas compris. Pendant deux ou trois jours, en attendant notre affectation dans les différents blocks, nous participions aux corvées, entre autres, les barbelés à monter autour des différents halls de travail. Là, devait mourir, assassiné par une sentinelle le premier français abattu pour avoir été satisfaire un besoin pressant (Il s’agissait de Charles Cadiou de Brest).

Dans la même période, pour la distribution de la soupe les chefs de blocks et leurs associés, nous recevaient à coups de poing et de louches. Mais nos gardiens allaient s’apercevoir que nous étions décidés à ne pas céder aussi facilement. Un midi, nous refusâmes la distribution de la soupe si elle n’était pas effectuer dans l’ordre. Les interprètes s’évertuèrent à nous faire comprendre que le jeu était dangereux. Mais nous restâmes fermes et la soupe fut distribuée dans l’ordre.

Marcel STIQUEL, Témoignage manuscrit. Fonds de l'Amicale des Anciens Déportés et Familles de Disparus d'Oranienburg-Sachsenhausen, déposé aux Archives Nationales.