Notre première journée à Neuengamme

Dirigés sur un vaste bâtiment neuf, on nous fait descendre dans les sous-sols. Une longue attente dans les caves immenses, puis la toilette des bagnards commence. Voici une armée de coiffeurs. Nos cheveux sont tondus à ras. Ensuite, par groupe nous passons à la douche. Au préalable, on nous a rasé tout le corps, dépouillés de tous nos vêtements et de tout ce qui pouvait représenter une valeur : argent, bagues, bijoux, etc. En échange on nous revêt de piteux habits et de coiffures disparates […] Nous sommes ainsi tellement transformés que nous avons peine à nous reconnaître. A la fin de toutes ces opérations, il est environ 1 heure du matin. Nous sommes affectés dans des Blocks où l'on nous distribue un morceau de pain et de pâté. Notre première journée à Neuengamme est terminée.

René BAUMER, La misère aux yeux de fou, BGA Permezel, Lyon, 2004, p.25