L’arrivée des déportés se fait par la porte d’entrée et aussitôt, […] ils viennent directement sur cette place […] pour venir se mettre en rang par cinq dans cette cour, au garde à vous.
Sur cette place, nous allons apprendre le premier supplice de cet univers concentrationnaire : l’attente. Nous attendrons pour aller à l’appel, nous attendrons à l’appel, nous attendrons pour aller au travail, nous attendrons pour aller à la nourriture, nous attendrons pour aller dormir. L’attente… mettez-vous ça dans la tête, la première maladie du déporté a été l’attente… […]
Pendant cette attente, nous recevons des coups : ce sont les SS qui donnent des coups de crosse, nous n’avons rien fait. Pourquoi nous cognent-ils ? Nous finissons par comprendre que ces coups, c’est pour nous montrer qu’ils ont l’autorité suprême, que nous leur devons l’obéissance absolue, que nous devons tout accepter, que nous ne sommes plus nous-mêmes, nous sommes leur Stück (Stück se traduit en français par : morceau), on ne compte pas les hommes, on compte ein Stück.