Le 3 mai, à trois heures de l’après-midi, nous sommes coulés… : le Thielbek, sur lequel je me trouvais avec mon père, par des chasseurs Typhoon armés de lance-fusées […]. Par chance, je me trouvais sur le pont et je ne suis pas blessé par les projectiles. J’ai attendu mon père 5 minutes sur le pont pendant que le bateau coulait ; puis, ne l’ayant pas vu, j’ai sauté à la mer. Etant très bon nageur, j’ai pu atteindre une des trois vedettes de sauvetage que les Allemands firent sortir. Je fus sauvé avant qu’ils sachent que nous étions des déportés. Après l’avoir su, ils n’ont sauvé que leurs soldats et leurs marins et ont laissé couler les déportés qui nageaient. Nous avons été sauvés, mais les 150 premiers arrivés sur le rivage ont été fusillés par les SS ; nous avons failli l’être également. Voici les dernières nouvelles de mon père : un des rares Français l’a vu à environ 100 mètres du navire, nageant avec une planche et il était déjà en difficulté. Je ne l’ai pas retrouvé parmi les survivants.