Il était absolument impossible de s'enfuir

[Le camp] était entouré de deux enceintes de barbelés doublés, électrifiés avec poteaux munis d'une lampe électrique tous les huit mètres. Tous les 50 mètres étaient placés en hauteur, sur des constructions en pierres appropriées à cet effet, des miradors avec jeux de fenêtres à glissières bien couverts et munis d'un projecteur, d'une mitrailleuse ou fusil mitrailleur, une troisième ligne de barbelés avec blockhaus camouflés de terre et  une quatrième ligne formée de postes de vigie en bordure des sapins constituaient l'enceinte gardée.

Entre ces lignes de barbelés circulaient des sentinelles situées de place en place. Dans les sapins, le chenil contenait un grand nombre de chiens, gros molosses très méchants et parfaitement dressés.

J'appris plus tard que ces chiens étaient nourris parfois avec des cadavres choisis parmi les plus gros.

De jour, il était absolument impossible de s'enfuir.

Une fois encore, je me souviens d'une tentative d'évasion au début de l'hiver. A la rentrée du travail, le soir, vers dix-huit heures trente, deux coups de feu avaient été tirés. Il y eut un contre appel individuel fait block par block qui devait durer jusqu'à une heure et demie du matin pour savoir qui était celui qui s'était sauvé ... nous avions le réveil peu après.

Cela n'était pas gai. Il faisait déjà bien froid et nous étions à peine vêtus. Le lendemain des camarades nous assurèrent que l'évadé avait été attrapé par les chiens et en partie dévoré...

Léon HOEBEKE, Destination la mort (convoi 27.4.44) récit authentique, Paris, Nouvelles éditions Debresse, 1977, p.94