Allemagne / Neuengamme

Légende

Vue aérienne du camp prise par les Alliés, 16 avril 1945. DR

Début : décembre 1938
Fin : 4 mai 1945 ; le camp est libéré par les troupes britanniques

87 000 hommes et 13 600 femmes ont été enregistrés au camp ; parmi eux, environ 13 000 Juifs
42 000 morts dans le camp, ses camps annexes, et durant les "évacuations"

 

Le camp de concentration de Neuengamme, de 1938 à 1945

Au total, 87 000 hommes et 13 600 femmes ont été enregistrés au camp de concentration de Neuengamme : plus de 24 000 Russes, 15 700 Polonais, 11 650 Français, 9200 Allemands, 7200 Hongrois, 6850 Néerlandais, 3650 Belges, les autres venant de plus de 20 nations. Les déportés juifs sont au nombre de 13 000, en majorité transférés par la SS à partir de l’été 1944, depuis le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, pour travailler à l’économie de guerre.

Au total, 42 900 personnes au moins ont trouvé la mort dans le camp central de Neuengamme, dans ses Kommandos extérieurs ou lors de l’évacuation des camps jusqu’à la libération. S’y ajoutent plusieurs milliers de déportés décédés après leur transfert dans d´autres camps de concentration ou des suites de leur incarcération après leur libération. Plus de la moitié des déportés enregistrés au camp de concentration de Neuengamme n’ont pas survécu aux persécutions nazies.

Fin 1938, la SS installe dans le bourg de Neuengamme situé à la périphérie de Hambourg, métropole de l’Allemagne du Nord, un Kommando extérieur du camp de concentration de Sachsenhausen. Une centaine de déportés doivent remettre en état une briqueterie désaffectée. Au cours des premiers mois de la guerre, la décision est prise, suite à une visite du Reichsführer SS Heinrich Himmler, de faire de Neuengamme un grand camp de concentration. En avril 1940, le commandement SS conclut un contrat avec la Ville hanséatique de Hambourg : en vue du projet gigantesque des « bâtiments du Führer » sur la rive de l‘Elbe, celle-ci a d’importants besoins en matériaux de construction ; il lui accorde un prêt de plusieurs millions de reichsmarks pour l’installation du camp et la construction d’une nouvelle briqueterie agrandie. Dès le printemps 1940, Neuengamme reçoit le statut de camp de concentration autonome. Les déportés, dont l´effectif augmente rapidement jusqu’à plusieurs milliers, travaillent à l´agrandissement du camp, à l’extraction d’argile pour la production de briques, à la navigabilisation d’un bras de l’Elbe et au creusement du canal de desserte et du bassin portuaire.

Durant les années de guerre, la Gestapo et le Service de sécurité de la SS déportent au camp de Neuengamme des dizaines de milliers de personnes provenant de tous les pays d´Europe occupés. La plupart sont internées pour résistance à l´occupant allemand, par représailles, pour refus de se plier au travail forcé ou suite à une persécution raciale.

À partir de 1942, les déportés deviennent une main-d’œuvre pour l’industrie d’armement, tout d’abord dans des ateliers construits sur l’enceinte du camp, plus tard répartis directement dans les usines. Pendant les deux dernières années de la guerre, des Kommandos extérieurs sont ainsi créés dans toute l´Allemagne du Nord à proximité des usines d’armement. D’autres Kommandos de travail servent à construire des sites de production et des logements provisoires, à déblayer les décombres après les attaques aériennes et, à la fin de la guerre, à creuser des tranchées anti-chars. Ces détachements de travail à l’intérieur du camp central et dans plus de 85 Kommandos extérieurs (dont 24 camps de femmes) s’accomplissent dans des conditions sciemment meurtrières. Chaque jour, des déportés succombent en raison du travail harassant, du manque de vêtements et de la faim, de l’absence de soins médicaux et des conditions d´hygiène épouvantables, ainsi que des mauvais traitements infligés par les SS et les Kapos. Dans certains Kommandos extérieurs, tels ceux affectés au projet de fortification appelé « Mur de la Frise », les taux mensuels de mortalité atteignent fin 1944 plus de dix pour cent. Sur le nombre total de détenus au camp central et aux Kommandos extérieurs de Neuengamme, le taux de mortalité en 1943 correspond en moyenne à 332 décès par mois, pour s’élever à 2675 en décembre 1944, soit 86 morts en moyenne par jour, d’après les inscriptions (toutefois incomplètes) des registres de décès tenus par le Krankenrevier (infirmerie-mouroir).

Le camp de concentration de Neuengamme sert aussi de lieu central d’exécution. Un total de 1400 personnes y sont conduites pour y être exécutées, le plus souvent par pendaison dans la prison du camp, l‘Arrestbunker. À l’automne 1942, 448 prisonniers de guerre soviétiques sont gazés au Zyklon B. Plusieurs milliers de détenus déclarés inaptes au travail sont, principalement dans les années 1942/43, exécutés par des médecins SS au moyen d’une injection dans le cœur, envoyés dans des camps d‘extermination ou transférés dans d’autres camps.

À la fin de la guerre se trouvent encore 14 000 détenus au camp central et 40 000 dans l’ensemble des Kommandos extérieurs, dont presque un tiers de femmes. Devant l’avancée des troupes alliées, les déportés sont traînés d’un camp à l’autre dans les « marches de la mort ». Presque 25 000 parviennent aux camps dits « de rassemblement » Bergen-Belsen, Sandbostel et Wöbbelin, qui manquent de tout. En l’espace de quelques semaines, plusieurs milliers de personnes y meurent de faim. Le terme « mouroir » pour désigner ces camps a été repris de déportés francophones.

Les 10 000 derniers déportés restés au camp central sont embarqués par les SS fin avril 1945 sur des « bateaux concentrationnaires ». À Hambourg, les dirigeants du parti, de la SS, de l’armée et de l’industrie ont convenu, contre les ordres de Berlin, de se rendre sans résistance aux troupes britanniques. Mais par crainte de répressions de la part des Alliés et aussi d’actes de violence commis par des détenus libérés, ils veulent s’assurer que la ville est débarrassée des « morts vivants du camp de concentration ». Les déportés sont donc emmenés sur des bateaux ancrés dans la baie de Lübeck, où ils subissent le 3 mai 1945 les tragiques attaques aériennes de l´armée britannique qui suspecte des transports de troupes. Le bombardement est un cataclysme pour les 4600 déportés entassés sur le Cap Arcona et 2800 autres sur le Thielbek. Seuls 450 en réchappent, 7500 périssent dans les flammes, se noient dans la mer Baltique ou sont abattus en parvenant sur la grève.

Les jours précédents, un Kommando de 700 hommes resté à Neuengamme doit rendre le camp présentable pour restitution. Sur ordre de la SS, les baraques sont nettoyées, les objets suspects tels que le chevalet et la potence détruits et les dossiers brûlés. Quelques heures après le départ des derniers déportés et membres SS, les soldats britanniques entrent le 2 mai à Neuengamme dans un camp propre et vide, qui masque amplement les traces des crimes qui y ont été commis. Le stratagème fonctionne. Alors que les images de Bergen-Belsen, de Dachau et de Buchenwald témoignent dans le monde entier des horreurs des camps de concentration, aucune ombre persistante n’obscurcit Hambourg.

Dr. Detlef Garbe,
Directeur de la KZ-Gedenkstätte Neuengamme
Mémorial de l'ancien camp de concentration de Neuengamme

Liste des camps annexes et Kommandos du camp de Neuengamme

Alderney - Aurigny (I. SS-Baubrigade)

Alt Garge

Aurich - Engerhafe

Bad Sassendorf (11. SS-Eisenbahnbaubrigade)

Boizenburg

Breitenfelde

Brême (II. SS-Baubrigade)

Brême - Blumenthal

Brême - Caserne Hindenburg

Brême - Farge « Bunker Valentin »

Brême - Neuenland

Brême - Obernheide

Brême - Osterort

Brême - Schützenhof

Brême - Uphusen

Brême - Usines Borgward

Brunswick (Büssing-NAG)

Brunswick (Ecuries de la cavalerie SS)

Brunswick (magasins de l'armée)

Brunswick - Vechelde

Darss - Wieck

Düssing (Mecklembourg)

Fallersleben (Arbeitsdorf)

Fallersleben (Kommando de femmes)

Fallersleben - Laagberg

Garlitz (Mecklembourg)

Goslar

Hambourg - Finkenwerder

Hambourg - Fuhlsbüttel

Hambourg - Hammerbrook

Hambourg - Hammerbrook (II. SS-Baubrigade)

Hambourg - Hammerbrook (Spaldingstraße)

Hambourg - Langenhorn

Hambourg - Neugraben

Hambourg - Rothenburgsort

Hambourg - Sasel (Kommando de femmes)

Hambourg - Steinwerder (Blohm & Voss)

Hambourg - Steinwerder (Docks Stülcken)

Hambourg - Tiefstack

Hambourg - Veddel (Kommando d'hommes)

Hambourg - Veddel (Kommando de femmes)

Hambourg - Wandsbek

Hannover Ahlem

Hanovre - Ahlem (A 12)

Hanovre - Langenhagen

Hanovre - Limmer

Hanovre - Misburg

Hanovre - Mühlenberg (Hanomag/Linden)

Hanovre - Stöcken (Continental)

Hanovre - Stöcken (fabrique d'accumulateurs)

Helmstedt - Beendorf (femmes)

Helmstedt - Beendorf (hommes)

Hildesheim

Horneburg

Husum-Schwesing

Kaltenkirchen

Kiel

Ladelund

Lengerich

Lübberstedt - Bilohe

Lüneburg - Kaland (II. SS-Baubrigade)

Lütjenburg - Hohwacht

Meppen - Dalum

Neustadt in Holstein

Osnabrück (II. SS-Baubrigade)

Porta Westfalica - Barkhausen

Porta Westfalica - Hausberge (hommes)

Porta Westfalica - Hausberge (Kommando de femmes)

Porta Westfalica - Lerbeck

Salzgitter - Bad

Salzgitter - Drütte

Salzgitter - Watenstedt / Leinde (hommes)

Salzgitter - Watenstedt / Leinde (Kommando de femmes)

Salzwedel

Sandbostel Auffanglager

Schandelah

Uelzen

Verden

Warberg

Wedel (femmes)

Wedel (hommes)

Wilhelmshaven (Alter Banter Weg)

Wilhelmshaven (II. SS-Baubrigade)

Wittenberge

Wöbbelin

 

Camp
Camps annexes et Kommandos

Les camps annexes et Kommandos du camp de Neuengamme

Delor Pierre

Biographie

Espic Fernand

Biographie

Fertil Pierre

Biographie

Hirth Lucien

Biographie

Joannon Henri

Biographie

Le Bris Jean

Biographie

Le Caignec Eugène

Biographie

Mahieu Edmond

Biographie

Pinçon Robert

Biographie

Rousseau Jean

Biographie

Rousset David

Biographie

Tilly Michel

Biographie

Déportés transférés vers ce camp et/ou ses camps annexes et kommandos


Helmer Geneviève

Biographie

Baumer René

1906, La Mulatière (Rhône) – 1982, Lyon

Graveur-dessinateur, à Paris en 1939, il prépare le professorat de dessin. En 1940, il s’installe à Vaux-en-Velin et entre dans la Résistance à l’exemple de son oncle, Rémy Roure, journaliste au Temps. Il est arrêté avec ses parents en avril 1944, déporté à Neuengamme par le convoi du 4 juin 1944 (matricule 34958) et affecté au Kommando de Hannover-Stöcken (usine Accumulatoren-Fabrik Aktiengesellschaft, dite Stöcken-Accu). Un STO qui y travaillait lui procure un bout de crayon et un peu de papier sur lequel il croque des portraits de camarades et quelques scènes du camp, dessins que ce STO rapportera en France. René Baumer est évacué vers Bergen-Belsen où il est libéré. Son père décède à Neuengamme et sa mère à Ravensbrück.

Après son retour, il devient professeur de dessin et continue à peindre des œuvres où l’expressionnisme domine. Il écrit également des contes.

- Le Tambour-major, conte historique illustré, Lyon, Ed. BGA Permezel, 2005
- La misère aux yeux de fou, Lyon, Ed. BGA Permezel, 2004
- Tableau : Un printemps à Bergen-Belsen (Dessins)

Notre première journée à Neuengamme

Baumer René
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement

Chantrel René

1924, Ploërmel - 2013 Ploërmel (Morbihan) 

En 1939, il entre à l’école des Pupilles de la Marine à Brest et signe l’année suivante son engagement à l’École des mousses. En 1941, il fait un stage de spécialisation comme timonier. Il est affecté en Tunisie et connait, en 1942, la déroute de la flotte française. Il rejoint Toulon où il est démobilisé et retourne à Ploërmel. Il entre officiellement dans la Résistance en 1943, après avoir déjà rendu de nombreux services. Arrêté en mars 1944, il est interné au Fort de Penthièvre puis à Rennes et Compiègne, d’où il est déporté vers Neuengamme par le convoi du 28 juillet (matricule 40314).

Il est affecté successivement aux Kommandos de Watenstedt (production de bombes et obus, reconstruction des aciéries Hermann Göring Stahlwerke de Braunschweig), Husum (construction de fossés anti-chars) et Ahlem (construction de galeries souterraines dans une carrière d’asphalte). Trop affaibli pour être évacué, il reste à l’infirmerie jusqu’à l’arrivée des Américains, le 10 avril. 

Après son retour, il travaille dans le commerce de sa mère puis, de 1950 à 1960, intègre la marine marchande. Il ouvre ensuite un bar-tabac à Ploërmel. 

- Témoignage recueilli par Dominique Bohère en 2010/2011, Amicale de Neuengamme (25 pages dactylographiées).

Vous n'êtes plus qu'un numéro

Chantrel René
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement

Il n'y aura même pas une gamelle par personne

Chantrel René
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement

Je travaille à remplir les wagonnets de glaise

Chantrel René
Allemagne / Neuengamme | Quarantaine

Chotard Jean

1909, Corbeil Essonnes - 2003, Mérignac

Il est déporté à Neuengamme par le convoi du 21 mai 1944 (matricule 31105). Il reste au camp central. Lors des évacuations, il fait partie des douze rescapés du Cap Arcona, coulé, le 3 mai 1945, dans la baie de Lübeck. 

L'eau de la Baltique était glacée

Chotard Jean
Allemagne / Neuengamme | Bateaux de la mort

Delor Pierre

1923, (Meurthe et Moselle) – 2007, Marly (Moselle)

Agé d’une vingtaine d’années, il participe au réseau « Brutus ». Il est arrêté le 13 avril 1944 à Baccarat, emprisonné à la prison Charles III de Nancy jusqu’au 3 juillet, puis transféré à Compiègne d’où il est déporté vers Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 37569). Du 1er au 20 août, il est intégré au Kommando chargé de désamorcer des bombes à Hambourg (Springkommando). Ramené au camp central, il est affecté à la Fertigungsstelle (Kommando chargé de la construction, sur le site du camp, de l’usine Metallwerke), avant d’être renvoyé à Hambourg et affecté à divers déblaiements, dont celui d’un chantier naval de la Deutsche Werft. Blessé, il passe au Revier de la Spaldingstrasse (Kommando extérieur, installé au centre de Hambourg d’octobre 1944 à avril 1945, pour réaliser des travaux de déblaiements et de réparation de voies ferrées), puis revient au camp central où il fait partie du Kommando des tresses (réservé aux détenus affaiblis), avant d’être envoyé à Schandelah (situé au sud à 10 km de Braunschweig, siège d’une raffinerie destinée à l’exploitation des schistes bitumeux). En avril 1945, il est évacué vers le mouroir de Wöbbelin où il est libéré le 2 mai 1945 par la 82e division aéroportée américaine.

- Témoignage conservé par l’Amicale de Neuengamme, 2004

Un choc peut tout faire sauter

Delor Pierre
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos

Desprat Edmond-Gabriel

1918 (Ain) – 2012 (Ain)

Aspirant en 1939, puis prisonnier, il s’évade et entre en contact avec la Résistance en 1942. Affecté au réseau Armor, il est ensuite muté à l’OSS (Office of Strategic Services). Agissant dans la région lyonnaise, il est arrêté sur dénonciation le 4 juillet 1944 et remis à Klaus Barbie. D’abord condamné à mort, il est toutefois dirigé vers Compiègne et déporté à Neuengamme par le convoi du 28 juillet (matricule 39979). Il est affecté au Kommando de Bremen-Osterort (construction d’un Bunker pour la Kriegsmarine). Evacué vers le mouroir de Sandbostel, il est libéré le 29 avril 1945.

Après son retour, il devient journaliste, chroniqueur judiciaire au Progrès et critique gastronomique.

Il est nommé Commandeur de la Légion d’Honneur au titre de la Résistance et de la Déportation.

- Torturés à vie, Villenave d’Ornon, Editions Fus-Art, 1996

Les poux étaient l'obsession

Desprat Edmond-Gabriel
Allemagne / Neuengamme | Hygiène - Les parasites

Espic Fernand

1923, Pont-Saint-Esprit (Gard) - 2011

Début juin 1940, il part à vélo vers l’Espagne avec des camarades, pensant rejoindre l’Afrique du Nord ou l’Angleterre et s’engager. L’armistice signé par Pétain, le 25 juin, coupe court à ce projet. Il reprend ses études au lycée d’Avignon et distribue des tracts antinazis. Dès 1942, il prend contact avec des résistants du mouvement « Combat ». En 1943, appelé pour le service dans les Chantiers de jeunesse, il déserte lors d’une permission et entre dans la clandestinité. Il devient officier de liaison dans l’Armée secrète du Gard. Le 26 octobre 1943, il est arrêté par la Gestapo et interné plusieurs mois à Marseille puis à Compiègne. Il est déporté à Neuengamme par le convoi du 4 juin 1944 (matricule 33753). Il est affecté au Kommando de Hannover-Stöcken (d’abord à Stöcken-Gummi, fabrication de caoutchouc pour pneus, puis à Stöcken-Accu, fabrication d’accumulateurs). Blessé, il est ramené au camp central avant d’être envoyé, fin mars 1945, au Kommando de Watenstedt, d’où il est évacué vers Ravensbrück.

Après le retour, il devient commerçant à Pont-Saint-Esprit.

- Mémoires d’un résistant déporté, L’Isle sur la Sorgue, Imprimerie Compo Typo Relief, 2003

J'avais peur de la gangrène

Espic Fernand
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos

Nous entendons le condamné crier : « Vive la Russie, mort aux nazis ! »

Espic Fernand
Allemagne / Neuengamme | Manifestations de résistance

Fertil Pierre

1923, Moisdon-la-Rivière (Loire-Atlantique) - 2015

En 1943, élève de classe préparatoire à l’ENS, à Poitiers, il fabrique des faux papiers d’identité avec la complicité d’un secrétaire de mairie. Recherché par la Gestapo, il abandonne ses études en 1944. En se rendant chez ses parents, il est pris dans une rafle à Plonévez-Porzay (29) suite au sabotage d’un câble de la Kriegsmarine. Incarcéré à Quimper puis à Compiègne, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 28 juillet 1944 (matricule 40322). Il est affecté au Kommando de Bremen-Blumenthal et, très affaibli, au moment des évacuations, il fait partie du convoi des malades vers Sandbostel, où il est libéré le 29 avril 1945.

Au retour, il exorcise ses cauchemars par des dessins très réalistes, qu’il brûle ensuite. Un ami le convainc de garder ses dessins qui seront ensuite exposés.

- Cauchemars d’un déporté de Neuengamme, dessins de Pierre Fertil, Cahier des Archives départementales du Calvados, n° 34 - 2007. 

Partout des monceaux de cadavres

Fertil Pierre
Allemagne / Neuengamme | Derniers jours - Chaos

Guggiari Charles

1908, Senones (Vosges) - 1992, Exermont (Champagne-Ardennes)

Plâtrier. Militant socialiste et CGT. Responsable civil et militaire de Libération-Nord dans la Marne (presse clandestine, sabotages, réception de parachutages, faux papiers aux réfractaires STO). Arrêté le 17 décembre 1943, interné à Reims, transféré à Compiègne, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 21 mai 1944 (matricule 31272). Affecté au Kommando de Fallersleben, il est évacué vers Wöbbelin, libéré le 2 mai 1945, il rentre en France le 22 mai.

Après la guerre, cofondateur de L’Union, journal issu de la Résistance.

Un à un, nous dûmes passer devant cette dépouille mutilée

Guggiari Charles
Allemagne / Neuengamme | Evasions

Guitat André-Paul

1928, Montereau (Seine et Marne) 

Il est encore écolier quand il entre dans la Résistance (pseudonyme « Dédé »). Il est arrêté le 21 mars 1944 à Chalon-sur-Saône lors d’une mission effectuée avec le responsable du ravitaillement. Interné à la prison de cette ville puis à Compiègne, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 4 juin 1944 (matricule 34730). Après un passage en Kommando à Hambourg, il est affecté à celui de Hannover-Misburg (chargé des déblaiements après les bombardements et de travaux d’aménagement de la raffinerie Deutsche Erdölraffinerie (Deurag-Nerag). Il est ramené au camp central de Neuengamme d’où il est évacué vers Bergen-Belsen, fin février 1945. Il est libéré le 15 avril à Bergen-Belsen.

Après le retour, il devient cadre technique.

- Témoignage déposé à l’Amicale de Neuengamme (12 pages manuscrites sur le Kommando de Misburg)
- Histoire d'une vie, Editions TSO, 2015

Bagarres pour des épluchures

Guitat André-Paul
Allemagne / Neuengamme | La faim - La nourriture

Helmer Geneviève

1920

Etudiante de la Faculté des Lettres de Strasbourg, elle est arrêtée le 25 novembre 1943, à Clermont-Ferrand. Transférée le 25 janvier 1944 au camp de Compiègne, déportée le 3 février 1944 au camp de Ravensbrück puis transférée le 25 juin 1944 dans un Kommando extérieur camp de Neuengamme, Helmstedt - Beendorf.

Neuengamme était un camp d’hommes, mais durant l'été 1944, des femmes transférées des camps d'Auschwitz et de Ravensbrück (environ 13 500 dont plus de 700 Françaises) y sont immatriculées, affectées dans des Kommandos extérieurs, employées notamment dans des usines de production de matériel aéronautique, de munitions, dans des mines, au déblaiement et à la reconstruction.

En avril 1945, elle fait une marche de la mort vers le camp de Bergen-Belsen où elle est libérée le 15 avril 1945.

 

A Hanovre - Limmer : le travail s'écoule lent, monotone, endormant

Helmer Geneviève
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos - Femmes

Hirth Lucien

1923, Wildenstein – 2008, Reims

En 1940, âgé de 17 ans, il quitte l’Alsace après l’annexion et l’entrée en vigueur des lois allemandes. Afin d’obtenir la régularisation de ses papiers en France, il trouve un emploi saisonnier. En 1942, refusant le service sous les drapeaux en Alsace, il devient déserteur. Recensé en France en 1943, il est appelé pour effectuer le service dans les chantiers de jeunesse, affecté au groupement « Jeunesse et Montagne ». Il porte l’uniforme des chasseurs alpins, participe à une formation militaire clandestine et à l’aide aux maquis dans les Hautes-Alpes. Son groupe se replie sur Grenoble. Il y est arrêté par le Sicherheitsdienst (SD) en 1944, interné à Chambéry puis au Fort Montluc à Lyon. Transféré à Compiègne, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 37014) et affecté au Kommando de Bremen-Farge (construction du Bunker « Valentin »). Evacué vers la baie de Lübeck, il est transféré entre les navires "Cap Arcona" et "Athen", ce qui lui vaut d’avoir la vie sauve.

- Mon chemin de croix (témoignage dactylographié), Amicale de Neuengamme. 

Nous formons un long cortège de mannequins nus

Hirth Lucien
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement

La solidarité, c'était difficile

Hirth Lucien
Allemagne / Neuengamme | Solidarité | 02:45

Nous sommes partis à pied

Hirth Lucien
Allemagne / Neuengamme | Marches et trains de la mort | 02:39

On nous a précipités dans les cales

Hirth Lucien
Allemagne / Neuengamme | Bateaux de la mort | 03:39

Jackson Phillip

1928, Neuilly-sur-Seine - 2016, Paris

Fils de Summer Jackson, chirurgien américain, il est déporté à Neuengamme (matricule 36461) dans le même convoi que son père (matricule 36462). Ce dernier décède le 3 mai 1945, lors du bombardement de la baie de Lübeck. Tous deux étaient alors sur le navire Thielbek. Sa mère a été déportée à Ravensbrück.

Je n'ai pas retrouvé mon père parmi les survivants

Jackson Phillip
Allemagne / Neuengamme | Bateaux de la mort

Janvier Emile

1900 - 1972

Minotier dans l’Orne, il entre dans la Résistance en 1942 et devient membre du comité de rédaction du journal clandestin Résistance. Fin 1943, il est délégué régional ouest au Mouvement de libération nationale (MLN). Il est arrêté le 24 juin 1944 avec d’autres résistants, lors d’une réunion clandestine. Interné à Angers puis au Fort Hatry de Belfort, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 29 août (matricule 44160), affecté au Kommando de Wilhelmshaven. Evacué vers la baie de Lübeck, il est transféré du Cap Arcona sur l’Athen, ce qui lui sauve la vie.

Après son retour, il devient maire de Saint-Denis-sur-Sarthon, conseiller général, puis député de 1960 à 1962.

- Retour. Histoire d’hier et d’aujourd’hui, Alençon, Imprimerie alençonnaise, 1952

Sous clef, afin d'empêcher des évasions

Janvier Emile
Allemagne / Neuengamme | Bombardements alliés et alertes

Joannon Henri

1901, Montmarault (Allier) - 1985

Pharmacien, il exerce dans l’officine familiale à Murat. Résistant (faux papiers d’identité, soins à des blessés du maquis), il est révoqué de sa fonction de conseiller municipal par Vichy. Arrêté le 24 juin 1944, incarcéré à la prison de Clermont, il est transféré à Compiègne d’où il est déporté à Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 36770). Il est affecté aux Kommandos de Hambourg et de Bremen-Farge puis ramené au camp central où il travaille au laboratoire. Il est évacué vers le mouroir de Sandbostel où il est libéré le 29 avril 1945.

Après son retour en France, il fait partie de l’Assemblée constituante en 1946. Il reprend son travail de pharmacien, devient conseiller municipal tout en animant l’action catholique locale.

- Remember !, Imprimerie moderne, Aurillac, 1947, [1999].

Ces enfants juifs servaient de cobayes

Joannon Henri
Allemagne / Neuengamme | Expériences pseudo-médicales

Lassus Saint-Geniès (de) Raymond

1924, Paris - 1997

Le 11 novembre 1940, il participe à la manifestation des jeunes sur les Champs-Elysées. En 1942, âgé de 17 ans, il s’engage dans le réseau de résistance lycéen « Vélite » et le corps franc « Liberté ». Il entre dans la clandestinité en 1943. Il est arrêté le 9 juin 1944 par trois Français en relation avec la Gestapo. Il est interné à Orléans puis Compiègne, d’où il est déporté à Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 37297). Il est affecté au Kommando de Bremen-Farge (construction du Bunker « Valentin »). Il est évacué vers le mouroir de Sandbostel où il est libéré le 29 avril 1945.

Au retour, après deux ans de sanatorium, il renonce aux études et exerce des métiers dans différents domaines (électroménager, hôtellerie-restauration…).

- Si l’écho de leurs voix faiblit..., Paris, La découverte & Syros, 1997

A califourchon, trente mètres au-dessus du sol

Lassus Saint-Geniès (de) Raymond
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos

Le Bris Jean

1924, Plouaret (Côte d’Armor) - 2012, Dijon

Jeune résistant, en janvier 1944, à Quimper, avec onze autres jeunes, il participe à une audacieuse opération contre le siège du STO, dérobant et détruisant 44 000 dossiers. Les auteurs sont rapidement arrêtés. Comme six de ses camarades, Jean Le Bris est déporté à Neuengamme par le convoi du 28 juillet 1944 (matricule 39631). Il est affecté aux Kommandos de Husum (construction de fossés anti-chars) puis de Hambourg, avant d’être évacué vers le mouroir de Sandbostel.

Président de l’Amicale française de Neuengamme de 1984 à 1997, président de la Commission des sites de l’Amicale internationale. Il est un des acteurs principaux de la réhabilitation du site du camp de Neuengamme.

Les camps de concentration avaient une aire géographique

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Administration et caractéristiques des camps | 01:48

Dans les Blocks en bois

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Dans les blocks | 03:02

Des poux, on en avait partout

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Hygiène - Les parasites | 05:51

Le kommando de la merde

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Kommandos du camp | 01:58

Ce vieux Breton avait été prisonnier pendant 14-18

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Solidarité | 01:38

Des enfants nous ont jeté des cailloux

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Populations locales | 03:42

A la fin, le convoi était tapissé de morts

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Marches et trains de la mort | 02:14

A Sandbostel, nous avons connu l'innommable

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Derniers jours - Chaos | 03:12

Les prisonniers de guerre ont voulu nous prendre en charge

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Derniers jours - Chaos | 02:11

Le 29 avril, vers midi, on a été libérés

Le Bris Jean
Allemagne / Neuengamme | Libération des camps | 04:18

Le Caignec Eugène

1923, Keryado (Morbihan) - 2000, Rosporden (Finistère)

Il s’engage dans la résistance à 20 ans. Arrêté fin juin 1944, dans le Morbihan, il est interné à Compiègne d’où il part vers Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 36263). Il est affecté à un Kommando de déminage à Hambourg, avant d’être envoyé, en décembre 1944, au Kommando de Wilhelmshaven. Il  est évacué vers le mouroir de Sandbostel où il est libéré le 29 avril 1945.

Au retour, il lutte pour la réhabilitation des sites des Kommandos et des camps. Trésorier de l’Amicale de Neuengamme de 1988 à sa mort. Il travaille aussi à l’élaboration du « Mémorial des Français et des Françaises déportés au camp de Neuengamme » (1995) et à l’organisation des pélerinages annuels.

Le Springkommando à Hambourg

Le Caignec Eugène
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos | 04:51

J'ai été versé au kommando de Wilhelmshaven, Mer du Nord

Le Caignec Eugène
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos | 00:47

La longue évacuation de Wilhelmshaven

Le Caignec Eugène
Allemagne / Neuengamme | Marches et trains de la mort | 01:46

Le Faucheur Louis

1925, Saint-Laurent de la Mer - 2013, Plérin (Côte d’Armor)

Elève au collège des Cordeliers (Dinan) puis au lycée Anatole Le Braz (Saint-Brieuc), Louis fait partie des 21 lycéens et élèves-maîtres arrêtés le 10 décembre 1943 par la Feldgendarmerie. Emprisonné à Saint-Brieuc, puis transféré à Compiègne, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 21 mai 1944 (matricule 30364). Il est affecté au Kommando de Fallersleben-Laagberg (travaux de terrassement). Il est libéré par les Américains à Wöbbelin, le 2 mai 1945.

Après son retour en France, il devient professeur d’anglais au lycée Anatole Le Braz. En 1986, il confie le drapeau des familles massacrées des Côtes-du-Nord au Musée du collège Le Braz. 

- Un lycéen résistant se souvient, témoignage manuscrit, 2006, (7 p.), Amicale de Neuengamme

Comment saboter le travail par ce froid ?

Le Faucheur Louis
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos

Lohéac Paul

1905, Gourin – 1983, Gourin (Morbihan)

Chirurgien, il opère en mai 1944 le chef du maquis des Montagnes noires. Il est arrêté par les Allemands pour n’avoir pas dénoncé ce résistant. Déporté à Neuengamme par le convoi du 28 juillet 1944 (matricule 39936), il est affecté à plusieurs Kommandos de Hambourg.

Après son retour, il ouvre la Clinique Sainte-Anne à Gourin. Durant sa retraite, il participe à des missions humanitaires au Burkina-Faso.

- Un médecin français en déportation, Paris, Bonne Presse, 1949 [rep. Gourin, Les Presses Arc-en-Ciel, 1988].

 

Nous ne sommes plus des hommes

Lohéac Paul
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement

Mahieu Edmond

1920, Caen - 2000, Paris

Elève officier à Saint-Cyr, il exerce ses premières activités d’officier dans la Résistance - Vercors et Normandie. Il est arrêté le 5 mai 1944, interné à Compiègne d’où il est déporté à Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 37339). Après un mois au camp central, il est affecté successivement aux Kommandos de Salzgitter-Gebhardshagen et Kaltenkirchen, avant de revenir à Neuengamme à l’état de « muselman ». Il est évacué, via Watenstedt, vers Ravensbrück où il est libéré le 30 avril 1945.

- Témoignages parus dans N’Oublions Jamais (Bulletin de l'Amicale de Neuengamme)
- Témoignage enregistré par Fondation pour la Mémoire de la Déportation, FMD, 1997

A l'origine, nous étions plein d'illusions

Mahieu Edmond
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement | 01:33

Des camarades russes qui ont sans doute été pendus

Mahieu Edmond
Allemagne / Neuengamme | Prisonniers de guerre soviétiques | 01:51

Dans les mines de fer de Salzgitter

Mahieu Edmond
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos | 04:11

J'étais terrassier dans la region de Kalterkirchen

Mahieu Edmond
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos | 04:21

Parmi les maux, il y a eu l'œdème de carence

Mahieu Edmond
Allemagne / Neuengamme | Carences graves | 01:36

Martin-Chauffier Louis

1894, Vannes (Morbihan) - 1980

Chartiste, conservateur de la Bibliothèque Finlay à Florence, journaliste, éditorialiste à Paris-Soir. Il s’engage dans la résistance en 1941 et devient rédacteur en chef du journal clandestin Libération. Arrêté en avril 1944, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 36483). Il reste au camp central jusqu’à son évacuation vers Bergen-Belsen.

Après son retour en France, il reprend son activité de journaliste et reçoit le Grand Prix national des Lettres en 1957.

- Châteaubriand ou l’obsession de la pureté, Paris, Gallimard, 1943
- L’homme et la bête, Paris, Gallimard, 1947
- Chroniques d’un homme libre, parues dans Le Patriote Résistant de 1971 à 1978, rassemblées et publiées aux Editions FNDIRP en 1989

Il nous fallait courir sous une rouée de coups

Martin-Chauffier Louis
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement

Douze mille hommes grelotants regardaient tomber les morts

Martin-Chauffier Louis
Allemagne / Neuengamme | L'appel

Le bruit courait-il qu'un poux avait été vu…

Martin-Chauffier Louis
Allemagne / Neuengamme | Hygiène - Les parasites

La vie sociale se limitait à quelques échanges précieux

Martin-Chauffier Louis
Allemagne / Neuengamme | Solidarité

La sirène de la Gross Alarm déchirait le silence

Martin-Chauffier Louis
Allemagne / Neuengamme | Bombardements alliés et alertes

L'univers qu'on prétendait nous imposer

Martin-Chauffier Louis
Allemagne / Neuengamme | Résistance intellectuelle

Maury Louis

1912, Vancouver (Canada) - 2001, Paris

Professeur agrégé d’histoire, il enseigne au lycée technique d’Evreux. Il entre dans la Résistance avec sa femme et devient chef départemental du réseau « Turma-Vengeance ». Dénoncé, il est arrêté le 19 mai 1944 et déporté à Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1944 (matricule 37378). Il reste au camp central le temps de sa déportation. Il est évacué vers la baie de Lübeck où son transfert entre les navires "Cap Arcona" et "Athen" lui sauve la vie.
Après son retour, il devient maire-adjoint d’Evreux puis secrétaire général politique du Parlement européen à Luxembourg.

- Quand la haine élève ses temples, Louviers, Imp. Gutenberg, 1950

Plus de 500 hommes dorment entassés

Maury Louis
Allemagne / Neuengamme | Dans les blocks

Une fanfare de cirque grotesque

Maury Louis
Allemagne / Neuengamme | Orchestre

Nous tenons le «conseil de cabinet»

Maury Louis
Allemagne / Neuengamme | L'information

La condition essentielle est de ne pas rentrer au Revier

Maury Louis
Allemagne / Neuengamme | Le Revier

Pinçon Robert

1922, Tours - 2012, Châtillon-sur-Indre​

Réfractaire au STO, engagé dans la Résistance, il est arrêté le 16 juin 1944 à Tours avec sa mère. Celle-ci est déportée à Ravensbrück et lui-même à Neuengamme par le convoi du 28 juillet 1944 (matricule 40176). Il passe le temps de sa déportation à travailler dans les glaisières, sur le site même du camp central. Les Marches de la Mort le conduisent à Lübeck où il est enfermé à fond de cale à bord de l’Elmenhorst. De là, il est transféré vers la Suède, échappant de peu au bombardement et au naufrage du Cap Arcona, le 3 mai 1945. Il est rapatrié le 4 juillet 1945.

Après le retour, ancien de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP), il mène une brillante carrière en France et à l’étranger. A sa retraite, Robert Pinçon s’investit totalement dans le travail de l’Amicale française de Neuengamme, dont il devient secrétaire général, ainsi que de l’Amicale Internationale de Neuengamme (AIN) dont il est président de 1987 à sa mort. Il a joué un grand rôle dans la restructuration du site du camp de Neuengamme : démolition des deux prisons construites à la suite de la remise des lieux aux autorités de Hambourg, mise en place d’un Mémorial (Gedenkstätte) où sont accueillis chaque année plus de 70 000 visiteurs. En hommage à son action, le 12 novembre 2010, il reçoit la Bundesverdienskreutz, Croix de chevalier du mérite de la République Fédérale d’Allemagne.

- Témoignage recueilli par l'Amicale de Neuengamme (s.d.)

La quarantaine, c'était le début du travail

Pinçon Robert
Allemagne / Neuengamme | Quarantaine | 00:59

Les alertes étaient destinées à empêcher les évasions

Pinçon Robert
Allemagne / Neuengamme | Bombardements alliés et alertes | 03:15

Nous avons embarqué sur un navire suédois, le Magdalena

Pinçon Robert
Allemagne / Neuengamme | Bateaux de la mort

Prenant Marcel

1893, Champigneulles (Meurthe-et-Moselle) - 1980

Zoologiste et parasitologue, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de sciences naturelles, docteur ès sciences, il devient Maître de conférences puis professeur à la Faculté des Sciences de Paris. Militant communiste, il est fait prisonnier puis libéré en 1941 en tant qu’ancien combattant. Membre des "Francs-tireurs et partisans français" (FTPF) il est, en 1942, chargé des relations avec les gaullistes. Arrêté par la Gestapo en 1944, il est déporté à Neuengamme par le convoi du 4 juin 1944 (matricule 34190). Evacué à Sandbostel, il aide aux soins des malades dans ce mouroir.

Après son retour, il devient membre du comité central du Parti communiste et est élu député. Il témoigne en 1946, au procès du Curio Haus à Hambourg où sont jugés les responsables SS du camp de Neuengamme.

- Toute une vie à gauche, Paris, Encre, 1980

Ils suspendaient leurs patients la tête en bas

Prenant Marcel
Allemagne / Neuengamme | Entrée - Enregistrement

Renouard Jean-Pierre

1922, Paris - 2014

Il interrompt ses études au lycée Janson-de-Sailly pour se réfugier dans le sud avec sa famille. Il entre dans la Résistance avec son frère, Jacques, en 1941. Ils deviennent membres du réseau « Sosies ». Arrêtés en mai 1944, ils sont emprisonnés au Fort du Hâ à Bordeaux, transférés à Compiègne d’où ils sont déportés à Neuengamme par le convoi du 4 juin 1944 (matricule 34695). Son frère Jacques est transféré au camp de Sachsenhausen où il décède, à 20 ans, le 31 décembre 1944. Jean-Pierre est affecté au Kommando de Misburg, près de Hanovre, qui est chargé des déblaiements après bombardements et de travaux d’aménagement de la raffinerie Deutsche Erdölraffinerie (Deurag-Nerag). Il est évacué vers le camp de Bergen-Belsen où il est libéré le 15 avril 1945.
Il rentre très malade. Après sa guérison, il fait des études à l’Université Cornell aux Etats-Unis puis mène une carrière internationale dans l’industrie pétrolière.

- Un uniforme rayé d’enfer, Monaco, Editions du Rocher, 1993 [Un costume rayé d’enfer, Paris, éditions du félin, 2001]

Les caractéristiques nationales devenaient dérisoires

Renouard Jean-Pierre
Allemagne / Neuengamme | Origines et nationalités

M. Bouvet s'est gardé de dire qu'il sait l'allemand

Renouard Jean-Pierre
Allemagne / Neuengamme | L'information

Rousseau Jean

1922, Mouilleron-en-Pareds (Vendée) - 2013, Angers

Il est élève au lycée d’Angers, quand en 1940, il est contraint d’abandonner ses études et part travailler à Paris. Il s’engage dans la Résistance et, en mars 1943, réfractaire au STO, il se réfugie dans les Deux-Sèvres et rejoint le maquis en juillet. Il est arrêté, emprisonné à Poitiers, transféré à Belfort d’où il est déporté vers Neuengamme par le convoi du 28 août 1944 (matricule 43591). Il reste au camp central durant toute sa déportation. Evacué vers Flensburg, il y est libéré puis conduit en Suède, où il est soigné du typhus avant de rentrer en France, le 29 juin 1945.

En 1998, il est élu président de la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance (CNCVR), qu'il dirige jusqu’à la dissolution de cette association, le 31 décembre 2005.

Ce dont j'ai le plus souffert, c'est de la soif

Rousseau Jean
Allemagne / Neuengamme | La soif | 04:29

J'ai eu la dysenterie et dois la vie à des camarades

Rousseau Jean
Allemagne / Neuengamme | Dysenterie | 02:46

Le moment terrible des alertes de nuit

Rousseau Jean
Allemagne / Neuengamme | Bombardements alliés et alertes | 01:54

Et cette musique m'a accompagné jusqu'à la fin

Rousseau Jean
Allemagne / Neuengamme | Derniers jours - Chaos | 03:36

Rousset David

1912, Roanne (Loire) – 1997, Paris

Fils d’un ouvrier métallurgiste, il fait des études de philosophie et de lettres à la Sorbonne et devient enseignant. Proche de Trotski, il est l’un des fondateurs du Parti Ouvrier Internationaliste (POI) et participe à la reconstitution clandestine de ce parti pendant l’Occupation. Arrêté le 16 octobre 1943, il est torturé rue des Saussaies (Paris), emprisonné à Fresnes, avant d’être déporté à Buchenwald puis Neuengamme où il arrive le 18 mars 1944 (matricule 28325, Kommandos de Porta Westfalica et Beendorf). Il est évacué vers le mouroir de Wöbbelin où il est libéré le 2 mai 1945.

Après son retour, il publie L’Univers concentrationnaire qui obtient le Prix Renaudot en 1946. Il reprend son combat contre les guerres et le totalitarisme et crée, en 1950, le Comité International contre le Régime concentrationnaire (CICRC) qui entreprend des enquêtes sur les situations en Espagne, Grèce, Yougoslavie, URSS et Chine. Devenu « gaulliste de gauche », il est député de 1968 à 1973. Il est grand reporter au Figaro littéraire et collabore à France-Culture.

- L’Univers concentrationnaire, Paris, Editions du Pavois, 1946 (Prix Renaudot), [Editions de Minuit, 1965, Hachette Pluriel, 1998]
- Les jours de notre mort, Paris, Editions du Pavois, 1947, [Ramsay, 1988]
- Le pitre ne rit pas, Paris, Editions du Pavois, 1948, [Bourgeois, 1979]

Les camps ne sont pas tous identiques. Neuengamme, cité des Robots

Rousset David
Allemagne / Neuengamme | Administration et caractéristiques des camps

Il y eut trois cas d’anthropophagie

Rousset David
Allemagne / Neuengamme | Derniers jours - Chaos

À Wöbbelin, il faudra monter la garde des morts

Rousset David
Allemagne / Neuengamme | Derniers jours - Chaos

Solbach Henri

1920, Orschwihr (Alsace) - 2001

Instituteur en Alsace, il refuse le 16 juin 1940 de rejoindre un camp militaire et fuit la région. Installé en France, il exerce en Saône-et-Loire. En 1942, il s’engage dans la résistance, cache des armes et abrite le poste émetteur de son groupe. Il est arrêté le 24 mars 1944 et déporté à Neuengamme par le convoi du 21 mai (matricule 30678). Affecté au Kommando de Watenstedt (production de bombes et obus, reconstruction des aciéries Hermann Göring Stahlwerke de Braunschweig). Avec cinq camarades, il tente de s’évader mais échoue. Il est renvoyé au camp central où il est particulièrement surveillé (cible rouge et blanche sur le dos de sa veste). Il est évacué vers la baie de Lübeck où il est embarqué sur le navire "Cap Arcona". Il réussit à s’échapper par un hublot et nage pendant deux heures avant d’être recueilli. Libéré à Neustadt par les Britanniques, il prend l’initiative de dresser une liste des vivants et des morts de cette tragédie.

Après le retour, il reprend son poste d’instituteur, puis devient professeur de collège en 1957 et principal-adjoint en 1971. 

- Témoignages parus dans La Chaîne (numéros 63 à 68), 1945
- "Rapport sur le camp de Neuengamme" et témoignages 1996, 1997, 1998, cités dans Neuengamme, camp de concentration nazi, Paris, Tirésias, 2010

Une bombe a explosé à quatre cabines de la nôtre

Solbach Henri
Allemagne / Neuengamme | Bateaux de la mort

Tilly Michel

1925, Pont-Saint-Vincent (Meurthe-et-Moselle) - 2004, Versailles

Il n’a pas encore entamé ses études quand, pour échapper au STO, il rejoint un groupe de jeunes gens qui se cachent dans une forêt des Vosges. Ils sont dénoncés et arrêtés par la Gestapo. Michel Tilly est incarcéré à la prison Charles III de Nancy, puis transféré à Compiègne, d’où il est déporté vers Neuengamme par le convoi du 15 juillet 1945 (matricule 37543). Il est affecté au Kommando de Kiel puis à celui de Husum. 

Ils ont transféré un grand nombre de déportés à Husum

Tilly Michel
Allemagne / Neuengamme | Neuengamme - Camps annexes et Kommandos | 02:56

Vidéo document

Camp de Wöbbelin (avril-mai 1945)

Vidéo document
Allemagne / Neuengamme | Derniers jours - Chaos | 07:06