La plaque doit être portée au bras droit

Nous recevons un nouveau numéro matricule qui doit remplacer celui reçu au camp central. Je suis désormais le détenu 11806 et non plus 25319. Il faut s’activer pour remplacer ce signe distinctif essentiel sur le pantalon et la veste qui nous ont été donnés à Mauthausen. Le chef de chambrée et le secrétaire du Block d’affectation fournissent les bandes de tissus, les aiguillées de fil et l’encre nécessaires à cette mutation, de même qu’une plaque métallique sur laquelle des poinçons permettent de frapper les chiffres du matricule. La plaque doit être portée au bras droit fixée par un bracelet de fil de fer. Il faut pouvoir énoncer le nombre matricule en langue allemande à la moindre interpellation, faute de quoi on est roué de coups.

Jean GAVARD, Une jeunesse confisquée, 1940-1945, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 58