La journée fut éprouvante, interminable. Comment résister au froid ? Comment saboter le travail par ce froid ? Comment résister pour survivre ? Comment résister ? Le chantier était assez étendu pour échapper à la surveillance permanente des Kapos, des sentinelles SS et des Vorarbeiter civils. Nous appliquions une méthode très simple, très vite apprise : « travailler avec les yeux » pour ralentir la cadence et également éviter la fatigue. Dans notre équipe de terrassiers, l’un d’entre nous veillait, toujours prêt à crier « 22 ! » à la moindre alerte. C’est ainsi que nous avions, quatre d’entre nous, « fait durer » un tas de quelques mètres de déblais pendant une bonne partie du mois d’août.