Pologne - Ghetto - Varsovie
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Introduction
La ville de Varsovie s'étend des deux côtés de la Vistule. Devenue la capitale du nouvel Etat polonais en 1919, la ville était, avant la Seconde Guerre mondiale, un important centre de la vie et de la culture juives. Il y avait avant la guerre plus de 350 000 Juifs, qui constituaient environ 25 % de la population de la ville. C'était la plus importante communauté juive de Pologne mais aussi d'Europe. Elle n'était devancée, au niveau mondial, que par celle de New York.
Corps du texte
Lors de l'invasion allemande de la Pologne le 1er septembre 1939, Varsovie connut des attaques aériennes et des bombardements d'artillerie. Les troupes allemandes entrèrent dans la ville le 29 septembre, peu après sa reddition.
Dès la fin septembre 1939, les Allemands exigèrent des Juifs de Varsovie qu'ils portent des brassards blancs ornés d'une étoile de David bleue. Sur leurs ordres, les dirigeants de la communauté juive désignèrent des candidats pour un Conseil juif (Judenrat), dont la composition devait être approuvé par les Allemands. Les écoles juives furent fermées, les biens juifs confiqués et les hommes enrôlés au travail forcé. Les organisations juives d'avant-guerre, furent démantelées. Seules des organisations d'entraide restèrent autorisées.
Le ghetto de Varsovie
Le 12 octobre 1940, les Allemands ordonnèrent par décret la création d'un ghetto dans Varsovie. Ils exigèrent que tous les résidents juifs de la ville s'installent dans la zone indiquée, que les autorités allemandes séparent du reste de la ville en novembre 1940. Le ghetto fut ensuite entouré d'un mur de plus de 3 mètres de haut, surmonté de fil de fer barbelés et bien gardé pour éviter toute circulation vers le reste de la ville. En tout, 500 000 Juifs passèrent par le ghetto qui était horriblement surpeuplé.
Les bureaux du Conseil juif étaient situés rue Grzybowska, dans le sud du ghetto. Les organisations juives tentaient de répondre aux besoins des habitants qui luttaient constamment pour survivre. Parmi les organisations d'entraide, il y avait la Société d'entraide juive, la Fédération des Associations de Pologne pour le soin aux orphelins et l'ORT (Organisation Reconstruction Travail).
Emmanuel Ringelblum, historien spécialiste des Juifs de Varsovie, fonda une organisation clandestine dont le but était de rassembler des documents d'archives et de rédiger un compte rendu exact de la souffrance des Juifs. Cette organisation, connue sous le nom d'Oneg Shabbat ("célébration du Shabbat," parce qu'elle se réunissait le samedi après-midi), furent en partie retrouvées après la guerre. Les Archives Ringelblum constituent une source inestimable de renseignements sur la vie juive dans le ghetto et sur la politique allemande envers les Juifs de Pologne.
Les SS et la police déportèrent les premiers Juifs du ghetto de Varsovie vers le camp de mise à mort de Treblinka le 22 juillet 1942. A la date du 6 septembre, les Allemands avaient déporté et assassiné 300 000 Juifs de Varsovie. Une seconde vague de déportations, en janvier 1943, toucha environ 5 000 Juifs. Ce fut l'occasion de la première action de résistance armée des Juifs.
Le soulèvement du ghetto de Varsovie
Plusieurs organisations juives créèrent une unité de défense armée, l'Organisation juive de combat (OJC ou Zydowska Organizacja Bojowa - ZOB). Le Parti révisionniste (les sionistes de droite) fonda une autre organisation de résistance, l'Union combattante juive (Zydowski Zwiazek Wojskowy - ZZW). Bien qu'au départ il existât certaines tensions entre ces deux organisations, elles décidèrent en fin de compte de combattre ensemble contre les nouvelles déportations.
Les Allemands reprirent les déportations des Juifs de Varsovie en janvier 1943. Un groupe de combattants juifs s'infiltra dans un groupe de Juifs que l'on dirigeait vers l'Umschlagplatz (point de rassemblement) et, à un signal donné, se jeta sur les gardes allemands. Après avoir pris entre 5 000 et 6 500 résidents du ghetto, les Allemands interrompirent les déportations. Encouragés par le succès apparent de la résistance, l'arrêt des déportations, les habitants du ghetto commencèrent à bâtir des abris souterrains (qu'ils nommèrent "bunkers") en préparation d'une révolte, au cas où les Allemands entameraient la déportation finale.
Les Allemands avaient l'intention de commencer à déporter les Juifs restants dans le ghetto de Varsovie le 19 avril 1943, le soir de la Pâque juive. Lorsqu'ils entrèrent ce jour-là dans le ghetto, les rues étaient vides. La reprise des déportations constitua le signal d'une révolte armée. Bien que les Allemands soient rapidement venus à bout de la résistance militaire, des individus et de petits groupes continuèrent à se cacher et à combattre les Allemands jusqu'au 16 mai 1943. La révolte du ghetto de Varsovie fut la première révolte urbaine et symboliquement la plus importante de l'Europe occupée.
Le commandant de l'OJC, Mordekhaï Anielewicz, dirigea les forces de la résistance dans la révolte du ghetto de Varsovie. Le troisième jour de la révolte, des forces blindées commandées par le général SS Jürgen Stroop commencèrent à incendier le ghetto, un immeuble après l'autre, pour faire sortir les Juifs de leurs cachettes. Les combattants effectuaient des raids sporadiques, mais les Allemands réduisirent systématiquement le ghetto en ruines. Anielewicz et ses amis furent tués lors d'une attaque de leur bunker, le 8 mai.
Le 16 mai 1943, Stroop ordonna la destruction de la Grande synagogue de la rue Tlomacki, pour symboliser la victoire allemande. Du ghetto il ne restait que des ruines. Stroop rapporta avoir capturé 56 065 Juifs et détruit 631 abris. Il estima que ses unités avaient tué 7 000 Juifs durant la révolte. Environ 7 000 autres furent déportés à Treblinka, où ils furent exterminés. Les Allemands déportèrent les Juifs survivants dans les camps de travail de Poniatowa, de Trawniki et de Majdanek.
Les Allemands avaient prévu de liquider le ghetto de Varsovie en trois jours mais les combattants juifs réussirent à tenir plus d'un mois.
La fin du ghetto
La troisième et dernière vague de déportation se termina au printemps de la même année, le 16 mai. 50 000 survivants furent déportés au cours des mois d'avril et de mai 1943 à Treblinka et dans les camps de travail forcé de Poniatowa et de Trawniki et à Majdanek, après l'écrasement par les Allemands de la révolte armée des résistants du ghetto qui avait duré un mois. Le ghetto fut entièrement détruit. Dans ses ruines, un camp de concentration fut érigé.
Le 1er août 1944, la résistance polonaise se révolta contre les occupants allemands pour libérer Varsovie. Les forces soviétiques étaient sur la rive est de la Vistule ; les Allemands brisèrent l'insurrection et rasèrent le centre de la ville. En janvier 1945, les troupes soviétiques libérèrent une Varsovie en ruines.
Encyclopédie Multimédia de la Shoah
United States Holocaust Memorial Museum
Traduction ©Mémorial de la Shoah, Paris, France
ushmm.org/fr/holocaust-encyclopedia