France - Camp - Loiret - Beaune la Rolande

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Camp de Beaune 1941, DR, Archives Fédéral Allemandes

Introduction

Entre 1941 et 1943, plus de 16 000 Juifs, dont près de 4 700 enfants, ont été internés dans les deux camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, gérés par l’administration française, sous le contrôle des Allemands.

Presque tous ont été déportés à Auschwitz-Birkenau : plus de 8 100 d’entre eux sont partis directement de ces camps vers Auschwitz-Birkenau (8 convois). Les autres, en particulier les enfants du Vel d’Hiv, ont transité par Drancy.

Corps du texte

Le 14 mai 1941, 3 700 Juifs étrangers, tous des hommes, sont arrêtés par les autorités françaises, à la demande des autorités allemandes. La majorité reste internée pendant plus d’un an, avant d’être envoyée à Auschwitz dans trois convois partis des gares de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, les 25 juin, 28 juin et 17 juillet 1942. Près de 3 000 personnes sont alors déportées. On ne compte que 251 rescapés en 1945.

Les 16 et 17 juillet 1942, c’est la rafle du Vel d'Hiv : 8 160 personnes, (1129 hommes, 2916 femmes, 4115 enfants, ceux-ci étant presque tous français) sont arrêtées par la police française à la suite des accords Oberg-Bousquet, et entassées pendant plusieurs jours sous la verrière du Vel d’Hiv. Environ 7 600 sont transférées dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Rien n’ayant été prévu pour les accueillir, la place manquant, les conditions d’internement deviennent vite intolérables.

Alors que les nazis ne les réclament pas encore, les autorités françaises proposent qu’on déporte également les enfants. En attendant la réponse de la Gestapo de Berlin, les SS ne parvenant pas à remplir les trains déjà programmés, la rafle du Vel d'Hiv n’ayant pas atteint le nombre d’arrestations escompté, il est alors décidé de déporter les adultes, sans les enfants.

L’intendant de la police à la Préfecture d’Orléans constitue alors quatre convois à destination d’Auschwitz, essentiellement des pères, des mères et des adolescents. Plus de 4 000 personnes, dont 735 enfants, sont déportées entre le 31 juillet et le 7 août 1942. Seuls 45 d’entre elles survivront.

A chaque départ, les gendarmes, pour séparer les mères et les enfants, utilisent la force : coups de crosse, jets d’eau… La violence est extrême, les scènes d’une grande cruauté : « les gendarmes séparent mère et enfants en pleurant, mais le font quand même » écrira un témoin.

Les milliers d’enfants restés seuls dans les camps survivent dans une affreuse détresse matérielle et affective. Quelques rares assistantes sociales, démunies, essaient de soulager leur souffrance.

Dès que l’autorisation de Berlin arrive, le 13 août, ils sont transférés au camp de Drancy d’où environ 2700 sont majoritairement déportés entre le 17 et le 28 août 1942, dans six convois. 

Parallèlement, au cours de l’été 1942, plus de 800 personnes juives arrêtées sur la ligne de démarcation, à la frontière suisse, dans divers départements, sont internées au camp de Pithiviers. La plupart, dont une centaine d’enfants, est déportée dans les mêmes convois que les familles du Vel d'Hiv. 

Le 20 septembre 1942, un dernier convoi part de la gare de Pithiviers vers Auschwitz, rempli de Juifs français, dont 166 enfants. Peu après, 3 000  internés politiques sont enfermés dans le camp de Pithiviers jusqu’en août 1944. Les derniers internés juifs ont été conduits au camp de Beaune-la-Rolande où, d’octobre 1942 à juillet 1943, 1 400 seront internés. A sa fermeture, les 464 derniers occupants juifs sont transférés à Drancy.

Des 4 400 enfants juifs internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande et déportés, seuls 43 sont revenus de déportation.

Cercil
Centre d'étude et de recherche sur les camps d'internement dans le Loiret et la déportation juive
Musée-Mémorial des enfants du Vel d'Hiv
cercil.fr

Lieu
Autres lieux de la région

Brajer Zalmen

Biographie

Grynberg Léon

Biographie

Jacoubot Maurice

Biographie

Brajer Zalmen

1923, Lublin (Pologne) - 2003, Paris

Il fait partie des victimes de la Rafle du Billet Vert. Il est d’abord interné au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret) à partir de mai 1941 où il reste plus d’une année puis il est déporté au camp d’Auschwitz par le convoi 5 du 28 juin 1942. Il est interné aux camps de Birkenau et Monowitz.
En octobre 1944, il est transféré au camp d’Orianenbourg (près de Berlin), puis aux camps de Sachsenhausen et Ohrdruf où son Kommando doit déblayer les ruines des quartiers bombardés. Quelques semaines après, il est dans un zeltlager (camp de baraquements en toile) près de Dora où il doit creuser dans le granit pour aménager des voies ferrées. Début mars 1945, il est évacué vers Buchenwald. Début avril, il subit une nouvelle évacuation par train, sans fin. Il parvient à Theresienstadt (Terezin) début mai où il est libéré le 8 mai 1945.
A son retour, il retrouve sa mère. Son frère et sa sœur, déportés en 1944, ne sont pas revenus.

Après la guerre, il consacre une partie de sa vie à la mémoire de la Shoah. Il a œuvré notamment pour la pérennisation de la mémoire des deux camps du Loiret, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, et témoigné par des dessins et gravures.

 

Je me suis donc présenté au commissariat, le cœur lourd

Brajer Zalmen
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Grynberg Léon

1903 (Pologne) – 1979 (France)

Il arrive en France en 193 et se marie en 1935 avec Guitkè. Leur fille Rosa naît quatre ans après. Il est arrêté le 14 mai 1941 lors de la rafle dite du « Billet Vert », 
interné au camp de Beaune-la-Rolande, déporté à Auschwitz en juin 1942. En 1943, il fait partie d’un Kommando envoyé déblayer le ghetto de Varsovie après l’écrasement de la Révolte. Il est ensuite transféré au camp de Dachau puis à Muhldorf. Les « marches de la mort » le mènent à Innsbrück où il est libéré en avril 1945.

Sa femme et sa fille sont arrêtées lors de la Rafle du Vel d’Hiv (16-17 juillet 1942), déportées et assassinées à Auschwitz.

À l'annonce de ce départ précipité, tous les Juifs rassemblés devinrent blêmes

Grynberg Léon
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À Beaune-la-Rolande nous fûmes accueillis par un groupe de gendarmes français

Grynberg Léon
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Jacoubot Maurice

1917, Piotrkow (Pologne) - 2002 (France)

Moichele est élevé dans une famille religieuse traditionnelle juive. Il commence à travailler en tant que tailleur à l’âge de 14 ans. En 1936, il rejoint trois de ses frères en France. Il souhaite s’engager mais l’Armistice est signé. Il est convoqué en mai 1941 (Rafle dite du "Billet Vert" et interné dans le camp de Beaune-la-Rolande où il reste un an. Il est transféré à Compiègne d’où il est déporté au camp d'Auschwitz le 5 juin 1942 (Convoi 2, Matricule 38601). Il est transféré à Monowitz puis à Auschwitz (Kommando DAW, menuiserie). Il subit l’évacuation du 18 janvier 1945 qui le mène dans les camps de Mauthausen puis Ebensee où il est libéré.

Il a rédigé un témoignage : De Jakubowicz à Jacoubot. Mémoires d’un rescapé des camps de la mort, publié à compte d’auteur, 1994, pp.31-40

 

 

Cette convocation verte est mon dernier contact avec la liberté, mais je l'ignore

Jacoubot Maurice
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