France - Camp - Drancy

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Camp de Drancy 3 décembre 1942, DR

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La cité de la Muette : un projet novateur de logements bon marché

Construite entre 1931 et 1937 par les architectes Marcel Lods et Eugène Beaudouin, la cité de la Muette s’inscrit dans les grands programmes de construction d’habitats collectifs bon marché (HBM) de l’entre-deux guerres. Elle fait partie d’un projet de l’office public de l’habitat comprenant 11 cités-jardins et destiné à offrir aux classes populaires de banlieue, confort moderne et hygiène. Le projet se veut à la pointe de la modernité dans le paysage urbain et architectural. Il implique les entreprises Ferrus et Lambert dirigées par Jean Prouvé, connu pour ses procédés modernes de construction. Son architecture se distingue par l’utilisation non plus de la brique mais de matériaux – plaques de béton et pièces métalliques – standardisés et préfabriqués, assemblés sur place. Les 1 250 logements prévus se répartissent dans 5 tours de 14 étages auxquelles sont rattachés 2 par 2 des immeubles allongés de 2 et 3 étages. Cet ensemble est appelé « le peigne », tandis que le bâtiment en fer à cheval situé au Nord-Ouest et conçu comme un lieu civique de rencontres et d’échanges, est baptisé « cour d’entrée ». Ce bâtiment est le seul qui subsiste aujourd’hui.

La cité peine à attirer les habitants, rebutés par l’aspect novateur des tours, les loyers qui restent élevés pour des ouvriers dans un contexte de crise, la mauvaise insonorisation, les problèmes d’étanchéité et l’enclavement. De plus, les équipements collectifs initialement prévus ne seront jamais construits. À partir de 1937, les tours et le « peigne » sont loués par le ministère de la Guerre pour y loger la garde républicaine mobile.

Un camp de prisonniers (juillet 1940 – août 1941)

L’ensemble est réquisitionné par la Wehrmacht en juillet 1940 afin de servir de camp de détention provisoire pour les prisonniers de guerre français et anglais. Le « fer à cheval » se prête facilement à la transformation en camp d’internement: construit sur 4 étages autour d'une cour d'environ 200 mètres de long sur 40 mètres de large, il est alors entouré de 2 rangées de barbelés et d’un chemin de ronde, tandis que des miradors sont installés à ses angles.

Un camp d’internement et de représailles (août 1941 - juin 1942)

Le 20 août 1941, suite à la grande rafle réalisée à Paris et aux arrestations massives qui se déroulent les jours suivants, 4 230 hommes au total sont transférés au camp de Drancy. Jusqu’en novembre, les conditions de vie y sont particulièrement difficiles. Les bâtiments sont inachevés, les conditions d’hygiène déplorables, la faim permanente, l’équipement mobilier et vestimentaire fait défaut. L’absence de droit de visite, les humiliations et les violences de certains gendarmes augmentent encore la détresse des internés. Incapable de gérer la situation sanitaire, une commission médicale allemande libère en novembre 1941 près de 1 000 internés, parmi les plus jeunes ou les plus malades. Peu à peu, les colis sont autorisés et le camp s’organise. Ces quelques améliorations – souvent toutes relatives et temporaires – sont le signe de la pérennisation du camp, que beaucoup pensaient provisoire. Drancy est alors administré par le préfet de police, mais toutes les décisions relèvent des nazis, en particulier de Theodor Dannecker, le chef du service des Affaires juives de la Gestapo, puis de ses successeurs Heinz Röthke et Alois Brunner.

De décembre 1941, jusqu’en mars 1942, des otages sont extraits du camp pour être fusillés au Mont-Valérien ou déportés en représailles aux actions de la Résistance. Le 1er convoi de déportés, qui part de la gare de Compiègne le 27 mars 1942 avec au moins la moitié d’internés provenant du camp de Drancy à destination d’Auschwitz, en est un exemple.

Drancy plaque tournante de la déportation des Juifs de France (été 1942 à août 1944).

A l’été 1942, la cité de la Muette, située à proximité de deux gares, devient un camp de transit, la plaque tournante de la déportation des Juifs de France vers les camps d’extermination. Décidée à l’automne 1941, organisée le 20 janvier 1942 lors de la conférence de Wannsee, la « Solution finale de la question juive » est rapidement mise en œuvre dans les pays occupés. Ce sont au total entre 70 000 et 80 000 Juifs qui sont internés au camp de Drancy, pour une durée plus ou moins longue qui varie de quelques heures à quelques jours, de l’été 1941 à l’été 1944. Environ 63 000 Juifs sont déportés depuis le camp de Drancy, de la gare du Bourget-Drancy puis de la gare de Bobigny, à destination d’Auschwitz-Birkenau principalement.

Le 22 juin 1942, un premier grand convoi part de Drancy. Les 16 et 17 juillet 1942 a lieu la grande la rafle du Vel d’Hiv ; le camp accueille aussi des femmes et des enfants. Ces derniers sont séparés de leurs parents alors que ceux-ci sont déportés en premier. Les rafles et les transferts des Juifs internés en zone sud entraînent une surpopulation qui se traduit par des conditions de vie difficiles et une détresse quotidienne provenant du rythme des départs en déportation : 31 convois partent jusqu’en novembre 1942. Entassés parfois jusqu’à 85 par chambrée, les internés souffrent de la promiscuité, de la faim, des maladies et des parasites qui se propagent. Des trafics se développent et le marché noir, organisé avec la complicité des gendarmes, reste le seul moyen de se procurer des denrées interdites ou d’améliorer le quotidien pour qui ne reçoit pas de colis. Jusqu’en juillet 1943, la vie du camp alterne entre des périodes de déportation intenses et d’autres plus calmes, les conditions de détention varient au gré des autorités allemandes et françaises qui peuvent du jour au lendemain retirer un privilège qui avait été accordé. L’enseignement pour les enfants, par exemple, est autorisé à certaines périodes et supprimé à d’autres. Tout est réglementé : l’accès à la cour et aux toilettes, la tenue vestimentaire, les corvées...

En juillet 1943, le nazi Aloïs Brunner entouré d’une équipe de SS prend la direction du camp et renvoie les gendarmes à l’extérieur du camp, où ils sont cantonnés à la surveillance des abords. Comme les nazis l’ont fait dans les camps de concentration, Brunner fait reposer une partie de l’administration du camp sur les internés, afin de les opposer entre eux et les tromper. Pour les mêmes raisons, Aloïs Brunner entreprend une restructuration du camp mais son objectif est de déporter le plus grand nombre de Juifs. Outre des travaux d’aménagement, il élabore un classement des internés en différentes catégories, notamment déportable (B) ou protégé (C), le basculement de l’une à l’autre pouvant s’effectuer très rapidement. Parallèlement la violence contre les internés est permanente. À partir de mi-septembre, un groupe d’internés ayant accès à des outils entreprend de construire un tunnel. Celui-ci est découvert début novembre et les responsables déportés.

Au début de l’été 1944, devant la progression des forces alliées, des milliers de Juifs sont acheminés à Drancy depuis les villes du Sud pour être déportés. La dernière grande rafle a lieu du 21 au 25 juillet1944, dans des foyers d’enfants de l’Union Général des Israélites de France (UGIF). La majorité des 250 enfants raflés est déportée le 31 juillet 1944 par le convoi 77. Le dernier convoi part de Drancy le 17 août. Les déportés sont emmenés à pied à la gare de Bobigny par Brunner et ses hommes, qui ont brûlé les archives du camp. Deux internés parviennent heureusement à sauver le fichier des noms. Le camp est alors confié à la Résistance. En concertation avec l’UGIF et la Croix rouge, les internés quittent le camp à partir du 18 août avec un colis, un peu d’argent, une carte d’alimentation et un certificat de libération contresigné par la Croix-Rouge. Le 20 août, les derniers internés sont libérés.

Chronologie

1931-1937 : Construction de la cité de la Muette par les architectes Marcel Lods et Eugène Beaudouin.
Juillet 1940 : Inachevé, le bâtiment en forme de U est réquisitionné par les allemands pour y interner des prisonniers de guerre français et britanniques.
20-25 août 1941 : 4 230 hommes juifs sont arrêtés et transférés au camp de Drancy sur ordre des Nazis.
Novembre 1941: En raison des conditions d’hébergement, d’alimentation et d’hygiène extrêmement difficiles qui règnent dans le camp, plus d’un millier de malades sont libérés par les Allemands.
14 décembre 1941 : En « représailles » à des attentats de la Résistance, 44 Juifs sont extraits du camp de Drancy et fusillés au Mont Valérien.
27 mars 1942 : Départ du premier convoi de Juifs déportés de France depuis le camp de Compiègne-Royallieu à destination du camp d’Auschwitz avec la moitié d’internés du camp de Drancy.
22 juin1942 : Le premier grand convoi de déportation quitte le camp de Drancy pour le camp d'Auschwitz. Drancy devient le principal camp de transit des Juifs de France déportés dans les camps d’extermination nazis situés en Pologne.
Juin 1942 : Le port de l’étoile jaune est rendu obligatoire dans le camp.
16/17 juillet 1942 : Suite à la rafle du Vel d'hiv, 1 989 hommes et 3 003 femmes sont dirigés vers le camp de Drancy, placé désormais sous la responsabilité de Heinz Röthke, en charge des Affaires juives de la Gestapo. La vie du camp est alors rythmée par l’arrivée de nouveaux internés et le départ incessant des convois de déportation.
Août-Septembre 1942 : 10500 Juifs de zone sud provenant des camps d’internement, des Groupes de travailleurs étrangers et des rafles (notamment celle du 26 août) arrivent au camp de Drancy, livrés par les autorités françaises.
14 août 1942 : Les enfants qui jusqu’alors avaient été épargnés sont désormais également déportés.
Juin 1943 : Aloïs Brunner devient commandant du camp et cantonne les gendarmes français à l'extérieur du camp. Il réorganise le camp, améliore en apparence les conditions de vie, renforce l'administration juive du camp mais use de violence et de terreur avec comme objectif unique d’arrêter et de déporter le plus grand nombre de Juifs.
Juillet 1943/Mars 1944 : Les camps de travail annexes de Drancy ouvrent leurs portes : Lévitan le 18 juillet 1943, Austerlitz le 30 octobre 1943 et Bassano le 15 mars 1944. Suite au bombardement de la gare de Drancy, c’est de la gare de Bobigny que part le convoi du 18 juillet.
31 juillet 1944 : Le dernier grand convoi de déportés part pour Auschwitz.
17 août 1944 : Le dernier convoi quitte Drancy pour Buchenwald. Les nazis quittent le camp, qui est libéré de fait.

Mémorial de la Shoah
http://drancy.memorialdelashoah.org/le-memorial-de-drancy/

 

Références

Annette Wieviorka et Michel Laffitte, Histoire du camp : A l’intérieur du camp de Drancy, Paris, éditions Perrin, 2012

Zacharie Mass Témoignage d’interné : Passeport pour Auschwitz. Correspondance d’un médecin du camp de Drancy, préface de Jacques Chirac, Paris, Le Manuscrit, 2012 (Coll. Témoignages de la Shoah, FMS).

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Altmann Jacques

1923, Elberfeld (Allemagne)

Ses parents émigrent en France en 1933. Son père, Juif polonais, avait émigré de Pologne en Allemagne, à Wuppertal, où il rencontre sa femme. Le couple émigre ensuite en France, à Nancy, puis Paris. La famille travaille dans le textile. En 1941, leur boutique tombe sous le coup des lois d' « aryanisation ».

Suite à une altercation, Jacques est arrêté. Il s'échappe de la Préfecture de police de Paris et se réfugie à Sablé (Sarthe) puis à Nantes. Il bénéficie à plusieurs reprises de l'aide de Français. Identifié Juif, il est interné au camp de Drancy. Il travaille dans les camps parisiens d'Austerlitz et Lévitan à trier notamment les affaires d'autres Juifs arrêtés et déportés.

Entre temps, ses parents et ses frères avaient été déportés à Auschwitz le 3 novembre 1942. Jacques Altmann est déporté le 10 février 1944 (Convoi 68, Matricule 173708). Au sein du Kommando du « Canada », il est affecté sur la rampe d'arrivée des convois, chargé de regrouper les bagages des déportés et de les acheminer vers le secteur du « Canada ».

Il est transféré par train en octobre 1944 vers le camp d'Ohrdruf (Kommando de Buchenwald) où il est libéré par les Américains le 11 avril 1945.

A son retour à Paris, il est seul, toute sa famille a été assassinée à Birkenau : ses parents, ses 4 frères et ses grands-parents qui vivaient à Wuppertal.

A Drancy, je me suis déclaré demi-juif

Altmann Jacques
France - Camp - Drancy | | 04:41

Bigielman Albert

1932, Paris - 2011, Paris

Son père, Mayer, de nationalité polonaise, engagé volontaire dans la légion étrangère, était prisonnier de guerre au stalag II B à Neustettin (Poméranie). Arrêté avec son frère et sa mère le 16 juillet 1942, lors des rafles du « Vel d’Hiv » mais libérés parce que les familles de prisonniers de guerre étaient encore épargnées. 

Arrêtés de nouveau dans la nuit du 3 au 4 février 1944 et internés au camp de Drancy. Son jeune frère, malade et hospitalisé a échappé à l’arrestation. Albert et sa maman âgée de 48 ans ont été déportés par le convoi du 3 mai 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen.

Evacuée avec sa mère quelques jours avant la libération du camp par convoi ferroviaire vers le camp de Theresienstadt, Albert est atteint du typhus. Ils sont libérés à Tröbitz le 23 avril 1945 par l’armée soviétique après 13 jours d’errance.

À partir de la fin des années 1980, il s’investit dans le travail de mémoire. Il a été président de l’Association pour l’érection du monument du camp de Bergen Belsen au cimetière du Père Lachaise (1992-1994) puis président de l’Amicale des anciens déportés de Bergen-Belsen, de 1994 à sa disparition.

- J’ai eu douze ans à Bergen Belsen, Paris, Le Manuscrit, 2005

Nous sommes arrêtés dans la nuit du 4 février 1944

Bigielman Albert
France - Camp - Drancy | | 05:27

Bimbad - Bolla Madeleine

1930, Paris (née Bimbad)

Madeleine est la soeur de Denise Bimbad - Schuhmann

Leur père Fischel, d’origine lettonne, arrivé en France dans les années 1920, s’engage dans l’armée française à la déclaration de la guerre. Il est incorporé dans le 21ème régiment de marche des volontaires étrangers. Fait prisonnier, il est envoyé au stalag XII D à Trèves en Allemagne. Avant l’armistice, pendant l’exode, leur mère et les deux filles aboutissent à Lourdes où elles résident avant de retourner à Paris. Elles subissent les persécutions antisémites mais échappent aux rafles.

Le 22 janvier 1944, la police française les arrête. Elles sont internées au camp de Drancy. Le 2 mai 1944, Madeleine, Denise et leur mère Léa, âgée de 39 ans, sont déportées au camp de concentration de Bergen-Belsen.

Evacuées avec leur mère quelques jours avant la libération du camp par convoi ferroviaire vers le camp de Theresienstadt, elles sont libérées après 13 jours d’errance par l’armée soviétique à Tröbitz le 23 avril 1945.

A Drancy, Monsieur Loew m'a donné le goût de l'étude

Bimbad - Bolla Madeleine
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 02:45

Caen Etienne

Prochainement

Nous, les enfants, avons été arrêtés lors de l'absence de nos parents

Caen Etienne
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 03:50

Christophe Francine

1933, Paris

Son père, Robert, lieutenant de réserve, fait prisonnier à Clisson en juin 1940, est envoyé aux oflags XIII A à Nuremberg et XVII A en Autriche puis au camp de représailles X C à Lübeck.

Francine et sa maman Marcelle, âgée de 37 ans, de nationalité française, quittent Paris et passent la ligne de démarcation où elles sont arrêtées par la Feldgendarmerie le 26 juillet 1942, interrogées par la Wermacht, emprisonnées à La Rochefoucauld et Angoulême, puis internées aux camps de Poitiers, Drancy, Pithiviers, Beaune-la-Rolande et de nouveau à Drancy, un « parcours » de deux ans.

Déportée avec sa mère par le convoi du 2 mai 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen. Evacuée toutes les deux quelques jours avant la libération du camp par convoi ferroviaire vers le camp de Theresienstadt, elles sont libérées après 13 jours d’errance par l’armée soviétique à Tröbitz le 23 avril 1945.

- Une Petite Fille Privilégiée, Paris, L’Harmattan, 1998
- Après les Camps, La vie, Paris, L’Harmattan, 2001
- Souvenirs en Marge, Paris, L’Harmattan, 2002
- La Photo Déchirée et Autres Poèmes, Paris, L’Harmattan, 2003
- Guy S’en Va. Deux Chroniques Parallèle, Paris, L’Harmattan, 2005
- La fête inconnue. L’Histoire d’une résistance enfantine à Bergen-Belsen 1944, Paris, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, 2007
- Mes Derniers Récits – Nouvelles, Paris, L’Harmattan, 2009
- Vous parlerez pour nous : Poèmes Concentrationnaires, Paris, L’Harmattan, 2010
- Le pêle-mêle, Paris, Dacres Editions, 2014
- Bergen-Belsen libéré, Paris, Fondation pour la mémoire de la Déportation 2015

Lettre de Francine Christophe à son père

Christophe Francine
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement

Esrail Raphaël

1925, Magnésie (Turquie)

Ses parents viennent en France en 1926 et s'installent à Lyon, dans le quartier populaire de la Croix Rousse. Sa mère avait des ascendants français.

Elève ingénieur à l'Ecole centrale, il participe en parallèle au réseau de fabrication de faux papiers mis en place par la "6e", mouvement de résistance issu des Eclaireurs israélites de France. Les faux papiers étaient destinés aux Juifs ainsi qu'à des non Juifs, membres de la Résistance intérieure.

Le 8 janvier 1944, il est arrêté place des Célestins par des membres du Parti populaire français (PPF). Il est emmené au siège de la Gestapo, avenue Marcelin Berthelot, questionné, torturé. Il est emprisonné à Montluc quelques jours avant d'être transféré au camp de Drancy.

Il est déporté le 3 février 1944 au amp d'Auschwitz Birkenau. (Matricule 173295). Il passe 11mois à Auschwitz jusqu'à l'évacuation du camp, le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort le conduit au camp de Gross-Rosen. Au cours du transport en train qui le conduit à Dachau, il s'évade. Repris et miraculeusement épargné, il est envoyé à Dachau puis au camp annexe du Waldlager.

Il est libéré au cours d'un transport, le 1er mai 1945.

A son retour, seul déporté de sa famille, il retrouve les siens, à Lyon.

Depuis les années 1980, à Paris, il s'investit au sein de l'Amicale des Déportés d'Auschwitz. Il en devient le secrétaire général en 1986 puis Président de l'Union des déportés d'Auschwitz, structure qui réunit les différentes associations de survivants en lien avec des camps du complexe concentrationnaire d'Auschwitz.

Il a écrit son témoignage : L'espérance d'un baiser, Paris, Robert Laffont, 2017

Au camp de Drancy

Esrail Raphaël
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 04:57

Frances Robert

1919, Brousse (Bursa, Empire Ottoman) - 2012, Paris

Après la disparition précoce de son père, négociant en soieries, sa mère, Allègra Rousso, ancienne enseignante de l'Alliance israélite universelle, choisit d'immigrer à Paris où vit déjà une partie de sa famille. Robert est scolarisé au lycée de Beauvais. A cette épouqe, il se convertit au catholicisme.

Il est étudiant en philosophie en Sorbonne lorsque survient l'invasion allemande en 1940. Il s'engage dans la Résistance communiste. Il distribue des tracts, intègre les rangs des FTPF, (Francs-tireurs et partisans français).

Robert et sa mère sont arrêtés chez eux, rue de Civry, Paris 16e, en juin 1943. Leur appartement tenait lieu d’imprimerie clandestine. Ils sont emprisonnés à la prison de Fresnes, torturés au siège de la Gestapo de la rue des Saussaies.

Transférés au camp de Drancy, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau le 7 octobre 1943 (convoi 60). Sa mère est assassinée par le gaz dès l'arrivée.

Robert est affecté au camp de Buna-Monowitz (Auschwitz III) où il reste jusqu’à l’évacuation, en janvier 1945.

Il subit une Marche de la Mort puis un transfert par convoi ferroviaire au camp de Flossenbürg. Il est libéré par les troupes américaines.

Agrégé de philosophie, il a été professeur de psychologie à l'Université de Paris X-Nanterre.

Chevalier de la Légion d’honneur, Chevalier dans l’ordre national du Mérite, Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.

Il a publié son témoignage en 1987, Intact aux yeux du monde.

A Drancy, on avait devant nous la perspective d’être envoyé dans un camp

Frances Robert
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 00:00

Une des raisons pour lesquelles je me suis converti

Frances Robert
France - Camp - Drancy | Religion | 00:00

Grinspan Ida

1929, Paris – née Fensterszab

Ses parents avaient émigré de Pologne en 1924. En juin 1940, il la place chez une nourrice dans les Deux-Sèvres. C'est par un courrier que son père lui annonce l’arrestation de sa mère lors de la rafle du Vél' d'Hiv, en juillet 1942. Elle-même est arrêtée le 30 janvier 1944 à Sompt (Deux-Sèvres) chez sa nourrice, par trois gendarmes français. Interrogée à Niort, les autorités tentent de lui soutirer l’adresse de son père et de son frère aîné, elle résiste.

Elle est transférée à Drancy puis déportée le 10 février 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau (Convoi 68, Matricule 75360). Une coiffure qui la vieillissait un peu lui a sans doute permis d’entrer au camp alors qu’elle n’avait que 14 ans et demi. Elle connaît successivement le camp de Birkenau puis celui d'Auschwitz qu'elle quitte le 18 janvier 1945. Après la Marche de la Mort, elle est internée dans les camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe en Allemagne où elle est libérée le 2 mai 1945, très affaiblie.

A son retour, elle a 15 ans et demi. Elle retrouve son frère, seul membre de sa famille. Sa mère a été déportée en juillet 1942, son père en juillet 1944.

Elle a publié son témoignage, écrit avec Bertrand Poirot-Delpech, J’ai pas pleuré, Paris, Robert Laffont, 2002

On nous a dit qu'on allait être déportés prochainement et rejoindre nos familles

Grinspan Ida
France - Camp - Drancy | Avant l'internement /Résistances - Persécutions - Arrestations | 03:13

J'entends les adultes dire : « Vivement qu'on arrive, ça ne pourra pas être pire »

Grinspan Ida
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 05:14

Holstein Denise

Prochainement

A Drancy, j'ai rencontré des gens qui avaient connu mes parents

Holstein Denise
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 02:25

Matuzenski Mendel Marcel

1921, Paris - Date inconnue, Camp d'Auschwitz-Birkenau

Déporté à Auschwitz par le convoi 3 au départ de Drancy le 22 juin 1942, de profession garçon-boucher. 

Il habitait au 51, rue Etienne Marcel, à Montreuil.

Mort en déportation.

Lettre de Marcel Matuszenski à ses parents

Matuzenski Mendel Marcel
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement

Perahia Victor

1933, Paris

Le père de Victor, Robert, d’origine turque, est engagé volontaire dans l’armée française. Il est fait prisonnier en 1940. Libéré en « congé de captivité », il est assigné à résidence. Ses parents vivent à Saint-Nazaire.

Victor et ses deux parents sont arrêtés le 15 juillet 1942 à Saint-Nazaire par la Feldgendarmerie. Quelques jours plus tard, le 20 juillet, son père est déporté d’Angers au camp d'Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 8. Il n'est pas revenu.

Victor âgé de 9 ans et sa maman Jeanne, âgée de 35 ans, sont transférés au camp de la Lande, près de Tours où ils passent tout le mois d'août. Ils sont transférés au camp de Drancy au début du mois de septembre 1942 où ils restent 21 mois. Sa maman parvient à se faire passer pour épouse de prisonnier de guerre. Victor et Jeanne sont déportés par le convoi du 2 mai 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen.

Ils sont évacués quelques jours avant la libération du camp par un convoi ferroviaire vers le camp de Theresienstadt. Après 13 jours d’errance de leur convoi, ils sont libérés par l’armée soviétique à Tröbitz, le 23 avril 1945.

Les témoignages vidéo proviennent de deux collections : UDA et Bergen-Belsen

Victor a rédigé son témoignage : Mon enfance volée (2001)

Nous avons passé 21 mois à Drancy, de septembre 1942 à mai 1944

Perahia Victor
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 11:48

Saurel Jacques

1933, Paris

Ses parents, d’origine juive polonaise, sont arrivés dans les années 1920. Quatre enfants naissent au sein de la famille Szwarcenberg : Irène (1931), Jacques (1933) puis Roger (1934) et Alice (1936).
Au début de l’offensive, le père s’engage dans la Légion étrangère française. Il est fait prisonnier en juin 1940, envoyé dans un camp de prisonnier à Hombourg-Haut dépendant du Stalag XII F de Forbach, devenue alors ville allemande (Moselle).

Durant l’année 1942, la majeure partie des membres de sa famille, oncles, tante, cousins et petits-cousins sont arrêtés et déportés. En octobre, sa petite sœur Alice est placée dans une ferme de la Sarthe. La famille se pense protégée des rafles grâce au statut de prisonnier de guerre du père.
Jacques, Roger, Irène et leur mère sont arrêtés dans la nuit du 3 au 4 février 1944 chez eux par la police française, transférés au camp de Drancy.

Ils sont déportés le 3 mai 1944 par train de voyageurs à Bergen-Belsen comme famille de prisonnier de guerre protégé par la Convention de Genève. Comme eux, 177 femmes de prisonniers de guerre juifs (dont 41 mères) et 77 enfants (dont 15 sans leur mère) sont déportés vers ce camp (258 personnes)

Le 9 avril 1945, ils sont « évacués » avec environ 2 000 juifs par le « Train fantôme » peu avant la libération du camp devenu un mouroir.
Le 23 avril, les Allemands abandonnent le train près du village de Tröbitz (Land de Brandebourg). Ils sont libres. Entre le départ et l'arrêt du train, des centaines de déportés sont morts. Jacques et sa sœur sont atteints du typhus. Ils sont rapatriés en juin et retrouvent leur père et leur petite sœur.

Après guerre, il travaille dans le prêt-à-porter puis dans la coiffure.
Il décide de changer de nom en 1963.

Il a été secrétaire général de l'Amicale de Bergen-Belsen et a rédigé ses mémoires : De Drancy à Bergen-Belsen. 1944-1945, Paris, Le Manuscrit, FMS, 2006 (publiées en anglais, allemand, italien).

Il est officier de la Légion d’honneur.

 

Je découvre avec les miens le camp dont j’avais déjà entendu parler : Drancy

Saurel Jacques
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Segal Fanny

Prochainement

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Segal Fanny
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Lettre de Fanny Celgoh-Segal à son parrain, le Père Damaël

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Vanryb Nathan

1924, Varsovie - 2016, Paris

Issu d'une famille polonaise, venue en France en 1926, il est arrêté le 12 avril 1942 à St-Paul-de-Lizonne, interné à la prison d'Angoulême puis dans les camps de Poitiers et Drancy.

Il est déporté le 19 août 1942 au camp de Birkenau (convoi 21, Matricule 60601). Fin 1942, il est transféré au camp d'Auschwitz puis, en mai 1943, à Eintrachthütte, sous-camp du complexe d'Auschwitz (Swietochlowice).
En janvier 1945, il subit un nouveau transfert, au camp de Mauthausen (Autriche) puis à Leipzig (Allemagne). En avril 1945, il doit marcher 18 jours vers Leitmeritz (nom allemand de Litomerice, Tchécoslovaquie) et le camp de Theresienstadt (Terezin) où il est libéré le 8 mai 1945.

A son retour, il retrouve son père et apprend que son frère a été fusillé pour faits de résistance. Les autres membres de sa famille, sa mère, sa sœur, ses deux frères sont morts à Birkenau.

Les témoignages vidéos proviennent de deux sources différentes : UDA et Mémoire Demain (dvd Hatier, 2009)

Arrêté en 1942, je suis interné dans les camps de Poitiers puis de Drancy

Vanryb Nathan
France - Camp - Drancy | France - Camps d'internement | 08:18

Ziboulski Gustave

1902, Kiev - Date inconnue à Auschwitz-Birkenau

Il était de profession Coupeur. Il habitait au 151 rue de Charonne (Paris, 11e).

Il est déporté à Auschwitz par le convoi 3 au départ de Drancy le 22 juin 1942.

 

Lettre de Gustave Ziboulsky à son épouse

Ziboulski Gustave
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