Pologne / Auschwitz I

Légende

Vue aérienne du camp prise par les Alliés, 25 août 1944. DR

Histoire du complexe d'Auschwitz-Birkenau

1,3 millions de personnes ont été déportées à Auschwitz et 1,1 million y sont mortes : 960 000 Juifs, 70 000 à 75 000 Polonais non-juifs, 21 000 Tziganes, 15 000 prisonniers de guerre soviétiques et 10 000 à 15 000 détenus d'autres nationalités (Soviétiques, Tchèques, Yougoslaves, Français, Allemands et Autrichiens).

 

Un vaste ensemble concentrationnaire

Le 27 avril 1940, un camp de concentration est créé sur ordre d'Heinrich Himmler à Oswiecim, Auschwitz en allemand, une ville de Haute-Silésie annexée au Reich, située à 80 kilomètres de Cracovie. Ce camp est destiné à l'internement de détenus polonais, arrêtés massivement depuis l'invasion du pays en septembre 1939. Il est implanté dans une ancienne cité de travailleurs migrants, construite avant la Première Guerre mondiale, alors que la ville, incluse dans la pro­vince austro-hongroise de Galicie, se trouvait à la frontière des empires allemand et russe. L'ensemble, transformé en caserne d'artillerie après 1918 est constitué d'une vingtaine de bâti­ments en briques dans lesquels des prisonniers de guerre polonais ont été parqués par la Wehrmacht avant d'être envoyés en Allemagne.

Le commandant du camp, Rudolf Höss, est nommé le 4 mai 1940, et lance immédiatement des travaux d'aménagement auxquels sont employés de force 300 Juifs, mis à sa disposition par les autorités de la ville. Le 20 mai, une tren­taine de criminels de droit commun de nationalité allemande sont transférés du camp de Sachsenhausen à Auschwitz pour encadrer les futurs détenus. Le 14 juin, un premier convoi de 728 Polonais, dont des Juifs, arrive de la prison de Tarnów à l'est de Cracovie. La population du quartier de Zasole et d'une dizaine de villages environnants est expulsée pour constituer autour du camp une « zone d'intérêts » de 40 km2 (Interessengebiet), au confluent de la Vistule et de la Sola.

A l'instar de tous les camps de concentration, Auschwitz se dote dès l'été 1940 d'un Krematorium où les cadavres des détenus sont brûlés par mesure sanitaire afin d'éviter les épi­démies. Les fours, construits dans un ancien dépôt à munitions, sont livrés par la société Topf und Söhne d'Erfurt. 10 900 prisonniers, Polonais pour la plupart, sont enregistrés entre le 20 mai 1940 et le 1er mars 1941, date à laquelle Heinrich Himmler visite le camp pour la première fois.

Le Reichsführer SS ordonne à cette occasion de procéder à des travaux d'agrandissement pour porter la capacité d'Auschwitz à 30 000 déte­nus, et de construire, en prévision de l'attaque contre l'URSS, un deuxième camp destiné à 100 000 prisonniers de guerre à l'emplacement du village polonais de Brzezinka (Birkenau en allemand). En outre, 10 000 détenus doivent être mis à la disposition du conglomérat chimique IG Farben qui décide d'installer à Dwory, à quel­ques kilomètres d'Oswiecim, une usine de pro­duction de caoutchouc et d'essence synthétiques appelée Buna-Werke. La main d'œuvre concen­trationnaire est louée au groupe industriel, qui doit verser 4 Reichsmarks par jour à l'administra­tion SS pour un ouvrier spécialisé et 3 Reichsmarks pour un travailleur non-qualifié.

Dans le camp principal, Stammlager, huit nou­veaux blocs sont construits sur la place d'appel et quatorze blocs existants surélevés d'un étage. L'ensemble comporte désormais vingt-huit bâti­ments, entourés d'une double ceinture de fils bar­belés électrifiés haute d'environ trois mètres, où plus de 20 000 détenus sont entassés en octobre 1941. Comme à Dachau, la grille d'entrée est surmontée avec cynisme de la devise Arbeit macht frei (le travail rend libre). Une prison est installée dans le bloc 11. C'est le lieu des juge­ments et des exécutions décidées par la Politische Abteilung (section politique) qui dépend directe­ment des services de sécurité de Katowice (Sipo-SD). De nombreux détenus y sont également interro­gés sous la torture. Les condamnés à mort sont fusillés devant le « mur de la mort » dans la cour qui sépare les blocs 10 et 11.

Le 3 septembre 1941, 600 prisonniers de guerre soviétiques et 250 détenus polonais malades, sélectionnés à l'hôpital du camp, sont enfermés dans les sous-sols de ce bloc et tués au moyen d'un gaz toxi­que, le Zyklon B, utilisé pour la désinfection des vêtements et des bâtiments. A la suite de cette première expérimentation, la morgue du Krematorium, une grande salle de 78 m2, est aménagée en chambre à gaz provisoire. Des pri­sonniers de guerre soviétiques et des Polonais y sont éliminés de façon épisodique dans le cadre de l’Aktion 14F13, qui prévoit la liquidation des détenus devenus « inaptes au travail ». D'après l'historien polonais Franciszek Piper, les premiers gazages de Juifs de Silésie auraient été effectués dès l'automne 1941.

En octobre 1941, près de 10 000 prisonniers de guerre soviétiques sont envoyés à Auschwitz, et employés à la construction du camp de Birkenau, dont le chantier vient d'être lancé. Le village de Brzezinka est entièrement rasé, et les matériaux des maisons démolies utilisés pour construire les nouveaux baraquements. Le terrain, maréca­geux, est nivelé, et des canaux de drainage creu­sés. Une route est également aménagée pour relier Birkenau au camp principal, à trois kilomè­tres. Alors que le chantier se poursuit, il est décidé à Berlin d'utiliser massivement la main d'œuvre soviétique à l'intérieur du Reich pour répondre aux besoins de l'industrie allemande. Confirmant cette nouvelle orientation, Himmler ordonne le 25 janvier 1942 que des Juifs soient déportés à Auschwitz en lieu et place des soldats soviétiques avec deux issues : la mort immédiate pour les uns et le travail forcé jusqu'à épuisement pour les autres. Le camp de prisonniers de guerre (KGL, Kriegsgefangenenlager) est liquidé le 1er mars 1942, et les 945 militaires encore en vie sont transférés à Birkenau.

 

Auschwitz et la Solution finale

Le 20 janvier 1942, au cours de la conférence de Wannsee, Reinhard Heydrich, responsable de l'Office central de sécurité du Reich (RSHA) et bras droit d'Himmler, présente l'organisation de la « Solution finale de la question juive » aux principaux dignitaires du régime nazi. 11 millions de Juifs vivant en Europe doivent être déportés à l'Est et éliminés. Le camp d'Auschwitz-Birkenau, situé au cœur d'un important réseau ferroviaire, occupe une place centrale dans ce dispositif. L'organisation des déportations est confiée à Adolf Eichmann, qui dirige le Bureau des affaires juives du RSHA (IVb4). Des convois en provenance de Pologne et de toute l'Europe occupée sont dirigés vers Auschwitz. Le 15 février 1942, le premier transport daté avec précision, en provenance de Beuthen, en Haute-Silésie, est « liquidé » dans la chambre à gaz provisoire du Stammlager. Le 26 mars, un millier de femmes juives slovaques arrivent à Auschwitz. Le 30, 1112 hommes déportés de France, partis du camp de Compiègne trois jours plus tôt, sont enregistrés puis parqués à Birkenau, qui n'est encore qu'un vaste chantier. Plus de 90 % d'entre eux meurent avant la fin du mois d'août. Les déportations s'enchaînent. Un premier convoi arrive des Pays-Bas le 17 juillet, de Belgique le 5 août, de Yougoslavie le 18, de Norvège le 1er décembre et d'Allemagne le 10. Au total, 175 000 Juifs sont déportés à Auschwitz au cours des six derniers mois de l'année 1942, alors que les centres de mise à mort de l’Aktion Reinhardt fonctionnent à plein régime.

 

Arrivée des premiers convois de Juifs à Auschwitz (selon les pays)
Ghettos avoisinant Auschwitz : mars 1942
Slovaquie : 26 mars 1942
France : 30 mars 1942
Pays-Bas: 17 juillet 1942
Belgique: 5 août 1942
Yougoslavie : 18 août 1942
Camp-ghetto de Theresienstadt : 28 octobre 1942 (Tchécoslovaquie)
Norvège : 1er décembre 1942
Allemagne : 10 décembre 1942
Grèce: 20 mars 1943
Italie : 23 octobre 1943
Lettonie : 5 novembre 1943
Autriche : 2 décembre 1943
Hongrie: 16 mai 1944
Ile de Rhodes : 16 août11944
Ghetto de Lodz (dernier ghetto encore existant en Pologne) : août 1944.

Après plusieurs jours de voyage dans des wagons plombés, subissant des conditions d'hygiène effroyables, les déportés arrivent sur la Judenrampe, une plate-forme de déchargement aménagée à l'extérieur du camp de Birkenau, sur des voies périphériques de la gare d'Oswiecim. A partir du mois de juillet 1942, les SS procèdent systématiquement sur ce quai à une « sélection » entre les détenus considérés comme aptes au travail et tous les autres, en moyenne 80 % des déportés, qui sont dirigés immédiatement vers les installations de mise à mort, sans entrer dans le camp. Destinés à être anéantis sans laisser de trace, ces derniers n'apparaissent dans aucun registre ni document officiel. La « sélection » n'est pratiquée qu'à Birkenau, et, dans une moindre mesure, à Majdanek. A Chelmno, Treblinka, Belzec et Sobibor, tous les déportés sont gazés à l'arrivée des convois, à l'exception de ceux qui sont laissés en vie temporairement pour incinérer les corps des autres et trier les biens récupérés. Les Juifs sélectionnés pour le travail, dont la proportion varie selon les périodes, les convois, et les besoins de main d'œuvre, sont « désinfectés » et reçoivent un numéro de matricule qui leur est tatoué sur la poitrine, puis sur l'avant-bras gauche. Ils sont conduits ensuite vers les baraques de la Quarantaine, où ils peuvent rester plusieurs semaines avant d'être affectés dans des équipes de travail, les Kommandos.

La première tranche de construction (Bl) est achevée à Birkenau en août 1 942, et divisée en deux secteurs : Bla pour les femmes et Blb pour les hommes. Les bagages des victimes, abandonnés sur la rampe d'arrivée, sont transportés et triés dans un secteur spécial (Effektenlager), situé alors entre Auschwitz et Birkenau et surnommé « Kanada ».

A l'issue de la sélection, les femmes accompagnées de leurs enfants, les adolescents de moins de 16 ans, les personnes âgées et handicapées, et tous ceux dont la survie provisoire n'est pas jugée utile à l'industrie allemande sont transportés en camions militaires vers les Bunkers I et II, à l'écart du camp de Birkenau.

Ces nouvelles chambres à gaz, appelées par les détenus « maison rouge » et « maison blanche », sont aménagées dans deux bâtiments de ferme. Le Bunker I, mis en service en mars 1 942, est composé de deux salles d'une superficie totale de 83 m2, dans lesquelles 400 personnes peuvent être gazées en même temps. Le Bunker II, situé à 500 mètres du premier, fonctionne à partir du mois de juin 1942. Il est divisé en quatre pièces, sur 123 m2, où 600 personnes peuvent être tuées au total.

Chacun des deux Bunkers est doté de deux baraques vestiaires en bois dans lesquelles les victimes sont contraintes de se déshabiller avant d'être poussées dans les chambres à gaz. Une fois les portes refermées, des SS équipés de masques à gaz déversent le contenu des boîtes de Zyklon B à l'intérieur par des ouvertures latérales, percées en haut des murs. Chaque action de gazage est supervisée par un médecin SS qui ordonne l'ouverture des portes après un laps de temps d'une vingtaine de minutes en moyenne. La pièce est ventilée pour évacuer le gaz. Un groupe spécial de détenus Juifs, le Sonderkommando, doit ensuite vider les chambres à gaz, couper les cheveux des femmes, arracher les bijoux et les dents en or, puis charger les corps sur des wagonnets et les enterrer dans une dizaine de fosses communes de vingt mètres de long creusées à proximité. En dehors des Juifs des ghettos environnants, la plupart des déportés de France, de Belgique et des Pays-Bas ont été assassinés dans ces chambres à gaz provisoires. C'est le cas en particulier des victimes des rafles du Vel' d'Hiv' (16 et 17 juillet 1942) et de la zone libre (26 août 1942). Il ne reste aujourd'hui aucune trace du Bunker I, et seulement quelques ruines du Bunker II.

Les 17 et 18 juillet 1942, Heinrich Himmler se rend à Auschwitz pour la seconde fois. Il assiste à l'arrivée d'un convoi des Pays-Bas, à la « sélection » des Juifs sur la Judenrampe, et à leur gazage dans le Bunker II. A la suite de cette inspection, Rudolf Höss reçoit sans doute l'ordre de développer Birkenau pour en faire le principal site d'extermination des Juifs d'Europe. Le 15 août 1942, est adopté un plan d'agrandissement qui prévoit l'aménagement de nouveaux secteurs de baraquements (Bll, BIll et BIV) et la construction de quatre structures intégrées de gazage et d'incinération, les Krematorien (crématoires) II, III, IV et V. La réalisation de ces nouvelles installations est confiée à des entreprises civiles allemandes, dont la société Topf und Söhne qui remporte le marché des fours.

En septembre, le Standartenführer SS Paul Blobel, chargé d'effacer les traces des massacres commis par les Einsatzgruppen au cours de l'invasion de l'Union soviétique (Aktion 1005), arrive à Auschwitz avec l'ordre de liquider les fosses communes de Birkenau. Tous les corps enfouis dans les fosses derrière les Bunkers I et II doivent être incinérés pour dissimuler l'extermination et mettre fin à une situation sanitaire devenue intenable. En l'espace de deux mois, plus de 100 000 cadavres sont déterrés et brûlés sur d'immenses bûchers à ciel ouvert. Début décembre, le Sonderkommando chargé de ce travail est conduit sous forte escorte au camp principal et liquidé dans la chambre à gaz du Krematohum I. Enfin, à la demande d'Himmler, les véhicules chargés du transport du Zyklon B sont désormais maquillés en camionnettes de la Croix-Rouge.

La construction des nouvelles chambres à gaz est achevée au printemps 1943. Le Krematorium IV est livré en état de marche le 22 mars, le Krematorium II le 31 mars, le Krematorium V le 4 avril, et le Krematorium III le 25 juin. Ces usines de mort, qui fonctionnent selon des procédés industriels, n'ont aucun équivalent historique.

Les Krematorien II et III, construits symétriquement, sont composés en sous-sol d'une salle de déshabillage longue de cinquante mètres et d'une chambre à gaz de trente mètres sur sept, creusée perpendiculairement, qui peut contenir plus de 1500 personnes. Les boîtes de Zyklon B sont vidées à l'intérieur par quatre ouvertures pratiquées dans le plafond et fermées par des trappes. Les cristaux, imprégnés d'acide cyanhydrique, tombent à travers des colonnes grillagées afin d'accélérer la propagation du gaz mortel. Au rez-de-chaussée, cinq fours crématoires à trois creusets occupent une pièce de trente mètres de long. Un monte-charge relie le sous-sol au niveau supérieur pour assurer le transport des cadavres de la chambre à gaz à la salle des fours. Les Juifs devant disparaître sans laisser de traces, un four spécial, à l'arrière du Krematorium II, est utilisé pour détruire photos, documents et pièces d'identité.

Les dents en or sont fondues en lingots au Krematorium III et envoyées à la Reichsbank, à Berlin. Les cheveux, démêlés et séchés, sont emballés dans des sacs de toile et vendus 50 pfennigs par kilo à l'industrie textile. Une cheminée de quinze mètres de haut domine chacun des bâtiments, isolés du reste du camp par une clôture infranchissable.

Les Krematorien IV et V, plus petits, sont construits uniquement en surface. Le premier comprend trois chambres à gaz, le second quatre, pouvant contenir au total 1000 personnes. L'incinération des cadavres est assurée au moyen de deux fours à quatre creusets. Au centre, une grande pièce sert alternativement de salle de déshabillage et de morgue. Chacun de ces édifices est surmonté d'une cheminée haute de 17 mètres. Les cendres humaines sont jetées dans un étang, situé derrière le Krematorium IV, ou dispersées dans la Vistule et la Sola.

Un premier gazage - les SS parlent de « traitement spécial » (Sonderbehandlung) - est opéré au Krematorium II dans la nuit du 13 au 14 mars 1943. Les victimes sont 1492 Juifs polonais, déportés du ghetto de Cracovie. Après la mise en service définitive des nouvelles installations, le Bunker I est totalement démantelé et le Bunker II désaffecté. En juin 1943, la capacité totale des fours crématoires est évaluée par la Bauleitung d'Auschwitz à 4756 corps par tranche de 24 heures : 340 au Krematorium I (à Auschwitz), 1440 aux Krematorien II et III, et 768 aux Krematorien IV et V.

En 1943, est terminé l'aménagement du secteur BII, constitué de six camps autonomes, séparés les uns des autres par des rangées de fils barbelés électrifiés. Chaque sous-secteur est composé d'une série de baraquements en bois, construits sur le modèle d'écuries de campagne destinées à 52 chevaux. En juillet, le camp des hommes (Männerlager) est transféré du secteur Blb au secteur Blld, et le camp des femmes (Frauenlager) étendu à l'ensemble du secteur Bl. Le camp de quarantaine (Quarantänelager et « l'hôpital » des hommes (Häftlingskrankenbau) sont installés dans les fragments de construction Blla et Bllf.
En février 1943, des Tziganes déportés des territoires du Reich, laissés en famille, sont parqués dans le secteur BIIe, qui prend pour dénomination officielle Familienzigeunerlager. A la différence des Juifs, ils ne sont pas « sélectionnés » à leur arrivée, ni soumis au travail forcé, mais les conditions de vie désastreuses qui règnent dans le camp entraînent une forte mortalité.
Le 9 septembre, des familles juives en provenance du ghetto de Terezin, en Tchécoslovaquie, sont enfermées dans le secteur BIIb, qui devient le Familienlager Theresienstadt. Laissées en vie quelques mois à des fins de propagande, elles sont envoyées dans les chambres à gaz en mars 1944, puis remplacées par de nouvelles familles qui seront à leur tour exterminées en juillet 1944.
Le secteur BIIc est employé provisoirement comme aire de stockage avant l'ouverture du « Kanada Il » (Effektenlager II) dans le secteur BIIg.
Enfin, un nouveau bâtiment destiné à l'enregistrement des déportés sélectionnés pour le travail et à la désinfection des vêtements, le Zentralsauna, construit dans le prolongement du secteur BII, entre en service en décembre 1943.

Alors que les camps de l’Aktion Reinhardt sont progressivement démantelés, Auschwitz occupe, à partir de 1943, une place centrale dans l'anéantissement du peuple juif. Les premiers déportés de Grèce (en particulier de Salonique) arrivent sur la Judenrampe le 20 mars, suivis le 23 octobre par les premiers Juifs italiens. En novembre, le commandant du camp, Rudolf Höss, est relevé de ses fonctions et remplacé par l'Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, qui divise le complexe d'Auschwitz en trois entités administratives distinctes :

- Auschwitz I, correspondant au Stammlager, le camp-souche.
- Auschwitz II-Birkenau, incluant l'ensemble des exploitations agricoles et des fermes d'élevage créées dans la zone d'intérêt du camp.
- Auschwitz III, qui comprend le camp de Monowitz, ouvert en octobre 1942 près de l'usine Buna-Werke, et une myriade de camps auxiliaires (Aussenlager) implantés à proximité d'installations industrielles situées parfois à plusieurs dizaines de kilomètres.

Le 20 janvier 1944, 18 437 détenus sont comptabilisés à Auschwitz I, 49114 à Auschwitz II et 13 288 à Auschwitz III (dont 6571 au camp de Monowitz), soit un total de 80 839 personnes.
Au printemps de la même année, après l'entrée des troupes allemandes à Budapest, Rudolf Höss est rappelé à Auschwitz pour superviser l'extermination des Juifs de Hongrie.

 

L'extermination des Juifs de Hongrie

Entre le 15 mai et le 9 juillet 1944, alors que la défaite du Reich paraît de plus en plus probable, 147 convois, en provenance d'une cinquantaine de ghettos et de camps d'internement acheminent 437 000 hommes, femmes et enfants, vers Birkenau. Les déportés sont entassés parfois à plus de 5000 dans un seul convoi. En prévision de leur arrivée, la voie de chemin de fer a été prolongée dans l'enceinte même du camp, entre les secteurs BI et BII, au plus près des installations de mise à mort. La sélection se déroule désormais sur ce quai, appelé Bahnrampe, et les victimes sont envoyées à pied vers le lieu de leur assassinat. Pour faire face à l'arrivée quotidienne de plusieurs milliers de Juifs à exterminer, le Bunker II est remis en fonctionnement. Les fours existants ne permettant pas de faire disparaître un nombre de corps aussi important, cinq fosses, servant de bûchers à ciel ouvert, sont creusées dans la cour du Krematohum V et d'autres derrière le Bunker II.

Au cours de cette période, l'effectif du Sonderkommando augmente considérablement, jusqu'à atteindre 874 membres le 30 août. Ces hommes parviennent secrètement à prendre quatre clichés des fosses d'incinération et d'un groupe de femmes dirigées vers les chambres à gaz. Après la sélection, il arrive que les victimes soient contraintes d'attendre leur tour et de se déshabiller dans le bois de bouleaux près des Krematorien IV et V. D'autres sont enfermées dans le sous-secteur BIIc et dans le fragment de construction BIII, surnommé « Mexico », dont les travaux ont été arrêtés en avril. Ces deux antichambres de la mort sont dénommées officiellement camps de transit (Durchgangslager).
Au total, plus du tiers des Juifs assassinés à Auschwitz ont été déportés de Hongrie en l'espace de huit semaines.

 

Les derniers mois

Le complexe d'Auschwitz atteint son degré d'expansion maximale au cours de l'été 1944. 92 208 détenus sont recensés le 12 juillet, et 105 168 le 22 août, auxquels il faut ajouter près de 30 000 personnes entassées dans les secteurs BIIc et BIII dans l'attente de leur sort. Les déportations se poursuivent jusqu'à l'automne.

Les deux derniers convois de France quittent Drancy le 31 juillet et Lyon le 11 août. Un transport en provenance de l'île de Rhodes, en Mer Egée, arrive le 16 août. Au même moment, les ghettos de Pologne sont définitivement liquidés, et les Juifs de Lodz (Litzmannstadt) encore en vie sont envoyés à Birkenau. Les derniers occupants du camp des Tziganes, quant à eux, sont tués dans la chambre à gaz du Krematorium V dans la nuit du 2 au 3 août 1944.

Par ailleurs, 13 000 Polonais non-juifs, faits prisonniers au cours de l'insurrection de Varsovie sont enregistrés à Auschwitz en août et en septembre. Le camp vit cependant ses derniers mois d'existence. Dès la fin du mois de juillet, les SS entament la destruction des documents les plus compromettants, à commencer par les listes de transports où figurent les noms des personnes gazées dès leur arrivée. A partir du mois d'octobre, des dizaines de milliers de détenus sont transférés en train à l'intérieur du Reich. Le 6 octobre, le secteur BIII est définitivement liquidé. Les femmes qui s'y trouvent encore sont déplacées dans un autre secteur, puis tuées dans les chambres à gaz. Les baraques en bois sont démontées et transportées au  camp  de  Gross-Rosen. Le  lendemain, les hommes du Sonderkommando se révoltent et parviennent à détruire partiellement le Krematorium IV. La destruction des Krematorien est ordonnée par Himmler le 26 novembre. Les structures de mise à mort doivent être totalement démantelées et les traces du massacre, effacées.

Le 18 janvier 1945, à l'approche des troupes soviétiques, commence l'évacuation générale du camp. En l'espace de cinq jours, 58 000 détenus sont jetés sur les routes par un froid glacial ou transportés dans des wagons découverts vers les camps de concentration situés à l'intérieur du Reich. Les survivants parleront des « marches de la mort ». Pendant ce temps, des unités SS poursuivent la destruction des installations de gazage et d'incinération. Les Krematorien II et III sont dynamités le 20 janvier, et le Krematorium V le 26. Avant de partir, les nazis mettent le feu aux baraquements du secteur « Kanada », où sont entreposés les biens dérobés aux victimes. Le 27 janvier, les troupes soviétiques pénètrent dans l'enceinte du camp d'Auschwitz. 7000 détenus, incapables de marcher, y ont été abandonnés à leur sort par les SS.

Selon Franciszek Piper, 1,3 millions de personnes ont été déportées à Auschwitz et 1,1 million y sont mortes : 960 000 Juifs, 70 000 à 75 000 Polonais non-juifs, 21 000 Tziganes, 15 000 prisonniers de guerre soviétiques et 10 000 à 15 000 détenus d'autres nationalités (Soviétiques, Tchèques, Yougoslaves, Français, Allemands et Autrichiens).

Auschwitz,
Livret d’accompagnement Enseignants
Mémorial de la Shoah, Paris, 2008, p.10-22

 

Nombre de déportés au camp d'Auschwitz-Birkenau

Catégorie

Détenus non-enregistrés

Détenus enregistrés

TOTAL

Juifs

890 000

200 000

(205 000)

1 100 000

(1 095 000)

Polonais

10 000

130 000 à140 0000

(137 000)

140 000 à 150 000

(147 000)

Tziganes

2 000

21 000

23 000

Prisonniers de guerre soviétiques

 

3 000

12 000

15 000

Autres (Tchèques, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Yougoslaves, Français, Allemands, Autrichiens et autres), tous enregistrés.

 

25 000

25 000

TOTAL

900 000

(905 000)

400 000

1 300 000
(1 305 000)

 

Nombre de victimes du camp d'Auschwitz-Birkenau

Catégorie

Détenus non-enregistrés

Détenus enregistrés

TOTAL

 

Juifs

 

865 000

 

100 000

(95 000)

 

1 100 000

(1 095 000)

 

Polonais

 

10 000

 

60 000 à 65 000

(64 000)

 

70 000 à 75 000

(74 000)

Tziganes

2 000

19 000

21 000

Prisonniers de guerre soviétiques

 

3 000

12 000

15 000

Autres (Tchèques, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Yougoslaves, Français, Allemands, Autrichiens, et autres), tous enregistrés.

Absence de données

10 000 à 15 000

(12 000)

15 000 (12 000)

TOTAL                            

900 000

(880 000)

200 000

(202 000)

1 100 000

(1 082 000)

Ces chiffres ne tiennent pas compte des victimes des « marches de la mort », dont le nombre exact est inconnu.

Pour les deux tableaux : D'après Franciszek Piper, Auschwitz. How many perished Jews, Poles, Gypsies…, Oswiecim, Frap-Books, 1996

Auschwitz,
Livret d’accompagnement Enseignants
Mémorial de la Shoah, Paris, 2008, p.22

Camp
Camps annexes et Kommandos

Plan

Aire d'assassinat d'Auschwitz en Pologne

Les camps annexes et Kommandos du camp d'Auschwitz

Aliciguzel Esther

Biographie

Bezborodko Boris

Biographie

Bialot Joseph

Biographie

Esrail Raphaël

Biographie

Frances Robert

Biographie

Greif Jacques (Léon - Lonek)

Biographie

Grinholtz Albert (Abor)

Biographie

Rohatyn Léa

Biographie

Roth Nicolas

Biographie

Vanryb Nathan

Biographie

Zelty Charles

Biographie

Déportés transférés vers ce camp et/ou ses camps annexes et kommandos


Esrail Liliane

Biographie

Esrail Raphaël

Biographie

Grinspan Ida

Biographie

Montard Sarah

Biographie

Aliciguzel Esther

1925, Paris - (née Bensasson) - 2019

Ses parents avaient quitté la Turquie pour la France en 1923. Elle est arrêtée à Paris le 5 mai 1944. Internée à Drancy puis déportée le 20 mai 1944 (Convoi 74) à Birkenau (matricule A5469). Elle est affectée à un Kommando de terrassement jusqu'en octobre 1944 puis est envoyée au Block 10, dans le camp d’Auschwitz, où elle subit les pseudo-expériences de stérilisation menées par le Dr Clauberg. Elle y reste jusqu'à l'évacuation du camp, le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort la conduit dans les camps de Ravensbrück puis Neustadt en Allemagne où elle est libérée le 2 mai 1945.

A son retour, elle retrouve sa jeune sœur. Son père et sa mère, déportés en 1942, ne sont pas revenus.

J'ai été choisie pour aller au Block des expériences

Aliciguzel Esther
Pologne / Auschwitz I | Expériences pseudo-médicales | 03:16

Bezborodko Boris

1918, Czestochowa, (Pologne) - 2005

Il est le dernier né d’une famille de dix enfants. Ses parents viennent en France alors qu’il est encore enfant.

Pendant la guerre, il est économe au centre d’accueil de Chansaye (Rhône) fondé par l’abbé Glasberg (Direction des Centres d’Accueil) qui accueille des hommes et des femmes sortis des camps d’internement de la zone sud.

Il travaille aussi pour le réseau de sauvetage de la Sixième né des Éclaireurs Israélites de France, chargé notamment de maintenir le contact avec les jeunes qui ont été placés dans des familles.

Il est actif dans la Résistance entre mars 1943 et son arrestation à Lyon le 7 janvier 1944. Agent de liaison recruté par Henri Wahl, il est chargé du transport d’armes et de matériels d’imprimerie. Il assure la liaison entre Lyon-Marseille et Lyon-Nice.

Il est arrêté à Lyon le 7 janvier 1944 avec Roger Appel. Amené à l’école de Santé Militaire, siège de la Gestapo de Lyon, avenue Berthelot, il est torturé, subit le supplice de la baignoire. Il est incarcéré au fort Montluc.

Arrêté en tant que résistant, il est déporté comme Juif le 3 février 1944 de Drancy vers Auschwitz (Matricule 173246) par le convoi 67.

Il a travaillé à l’usine Union Werke. En septembre 1944, il échappe à une « sélection ». En janvier 1945, il subit une « évacuation » vers le camp de Mauthausen puis celui de Gusen. Il est libéré le 5 mai 1945 par les Américains.

C'était le 30 septembre 1944

Bezborodko Boris
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp

Bialot Joseph

1923, Varsovie – 2012, Paris

Sa famille d’origine polonaise s’installe en France en 1930, à Paris. Il est arrêté à Grenoble le 25 juillet 1944, déporté à Auschwitz par le Convoi 78 en août 1944 (Matricules : 193143 puis B 9000).

Il est libéré dans le camp d'Auschwitz par l’Armée rouge le 27 janvier 1945.

Il a publié en 2002 un témoignage, C'est en hiver que les jours rallongent, Paris, éditions du Seuil.

 

Premier ! J'ai gagné ! Je pose le pavé, médaille d'or

Bialot Joseph
Pologne / Auschwitz I | Auschwitz-Birkenau - Kommandos des camps

La Durchfallstation vit à son rythme, sélections en moins

Bialot Joseph
Pologne / Auschwitz I | Derniers jours - Chaos

Esrail Liliane

1924, Biarritz (née Badour)

Du côté maternel, ses grands-parents, Juifs d’origine russe, étaient hôteliers à Biarritz ; son père, Charentais, était commerçant. A l’orée de la guerre, ses parents décèdent. Les trois enfants, Liliane 19 ans et ses deux frères, René 13 ans et Henri 17 ans, sont pris en charge par les grands-parents. Les trois enfants sont baptisés catholiques. Le baptème du plus jeune qui a eu lieu en 1942 n’est pas reconnu par les autorités. C’est celui-ci que la Feldgendarmerie vient arrêter le 10 janvier 1944. Liliane protestant avec véhémence, les trois enfants sont emmenés. Ils sont internés à la prison de Bayonne puis transférés à Drancy via Bordeaux.

Ils sont déportés le 3 février 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau par le Convoi 67. Les deux jeunes frères sont gazés dès leur arrivée, seule Liliane entre au camp (Matricule 75127). Elle a travaillé dans les Kommandos extérieurs de Birkenau avant d’être intégrée au Kommando de l’usine Union Werke et d’être transférée au camp d’Auschwitz. Après la Marche de la Mort, en janvier 1945, elle connaît les camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe, en Allemagne, où elle est libérée le 2 mai 1945.

A son retour à Biarritz, fin mai 1945, elle retrouve sa grand-mère. Son grand-père est décédé durant sa déportation. En 1948, elle épouse Raphaël Esrail, lui-même déporté.

Le 18 janvier, on nous annonce que l'on part

Esrail Liliane
Pologne / Auschwitz I | Marches et trains de la mort | 05:05

Esrail Raphaël

1925, Magnésie (Turquie)

Ses parents viennent en France en 1926 et s'installent à Lyon, dans le quartier populaire de la Croix Rousse. Sa mère avait des ascendants français.

Elève ingénieur à l'Ecole centrale, il participe en parallèle au réseau de fabrication de faux papiers mis en place par la "6e", mouvement de résistance issu des Eclaireurs israélites de France. Les faux papiers étaient destinés aux Juifs ainsi qu'à des non Juifs, membres de la Résistance intérieure.

Le 8 janvier 1944, il est arrêté place des Célestins par des membres du Parti populaire français (PPF). Il est emmené au siège de la Gestapo, avenue Marcelin Berthelot, questionné, torturé. Il est emprisonné à Montluc quelques jours avant d'être transféré au camp de Drancy.

Il est déporté le 3 février 1944 au amp d'Auschwitz Birkenau. (Matricule 173295). Il passe 11mois à Auschwitz jusqu'à l'évacuation du camp, le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort le conduit au camp de Gross-Rosen. Au cours du transport en train qui le conduit à Dachau, il s'évade. Repris et miraculeusement épargné, il est envoyé à Dachau puis au camp annexe du Waldlager.

Il est libéré au cours d'un transport, le 1er mai 1945.

A son retour, seul déporté de sa famille, il retrouve les siens, à Lyon.

Depuis les années 1980, à Paris, il s'investit au sein de l'Amicale des Déportés d'Auschwitz. Il en devient le secrétaire général en 1986 puis Président de l'Union des déportés d'Auschwitz, structure qui réunit les différentes associations de survivants en lien avec des camps du complexe concentrationnaire d'Auschwitz.

Il a écrit son témoignage : L'espérance d'un baiser, Paris, Robert Laffont, 2017

« Ici, on en sort par la cheminée » nous a t-on dit dès notre arrivée

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Entrée - Enregistrement | 01:01

Un de mes camarades a un œil pratiquement enlevé

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Entrée - Enregistrement | 02:49

On m'a attaché à un SS qui était fou

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 04:11

On rentrait à l'usine à 6 heures du soir

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 02:16

Un encadrement de civils et de ss

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Situations concentrationnaires /Le travail forcé | 01:32

On faisait des choses totalement interdites

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 02:39

Aux chiottes, les informations se transmettaient

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | L'information | 01:51

J'avais rencontré une jeune fille à Drancy

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 03:15

« Vous ne savez pas ce qui se passe ici, Monsieur le directeur ? »

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 01:20

Ne resteront à l'Union que ceux considérés utiles

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 02:33

Je les ai vus partir pour la chambre à gaz

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 01:52

J'ai reçu un copeau brûlant à l'oeil droit

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 02:27

Un vieux polonais qui m'avait à la bonne

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Usine Union Werke | 01:39

Les gens, en sommeillant, poussaient des sons bizarres

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Peurs et angoisses | 03:32

On est tellement fatigués

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Epuisement des êtres | 03:12

Pouvoir de rendre la vie meilleure ou la vie terrible

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Prisonniers de fonction | 01:19

J'étais obsédé par le papier

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Hygiène | 04:57

La route des poux

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Hygiène - Les parasites | 03:51

Vous savez nager ?

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Sadisme | 01:34

C'était le froid de la nature et le froid des hommes

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Désespoir | 01:46

Quitter Auschwitz

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Marches et trains de la mort

Le 18 janvier, on nous annonce que l'on part

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Marches et trains de la mort | 05:05

Crier au monde ce que des hommes ont fait à d'autres hommes

Esrail Raphaël
Pologne / Auschwitz I | Crime contre l'humanité | 02:21

Frances Robert

1919, Brousse (Bursa, Empire Ottoman) - 2012, Paris

Après la disparition précoce de son père, négociant en soieries, sa mère, Allègra Rousso, ancienne enseignante de l'Alliance israélite universelle, choisit d'immigrer à Paris où vit déjà une partie de sa famille. Robert est scolarisé au lycée de Beauvais. A cette épouqe, il se convertit au catholicisme.

Il est étudiant en philosophie en Sorbonne lorsque survient l'invasion allemande en 1940. Il s'engage dans la Résistance communiste. Il distribue des tracts, intègre les rangs des FTPF, (Francs-tireurs et partisans français).

Robert et sa mère sont arrêtés chez eux, rue de Civry, Paris 16e, en juin 1943. Leur appartement tenait lieu d’imprimerie clandestine. Ils sont emprisonnés à la prison de Fresnes, torturés au siège de la Gestapo de la rue des Saussaies.

Transférés au camp de Drancy, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau le 7 octobre 1943 (convoi 60). Sa mère est assassinée par le gaz dès l'arrivée.

Robert est affecté au camp de Buna-Monowitz (Auschwitz III) où il reste jusqu’à l’évacuation, en janvier 1945.

Il subit une Marche de la Mort puis un transfert par convoi ferroviaire au camp de Flossenbürg. Il est libéré par les troupes américaines.

Agrégé de philosophie, il a été professeur de psychologie à l'Université de Paris X-Nanterre.

Chevalier de la Légion d’honneur, Chevalier dans l’ordre national du Mérite, Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.

Il a publié son témoignage en 1987, Intact aux yeux du monde.

Je n’ai jamais imaginé que ma mère allait être gazée dans les 48 heures

Frances Robert
Pologne / Auschwitz I | Sélection à l'arrivée des convois | 00:00

Greif Jacques (Léon - Lonek)

1905, Sambor (Galicie, Autriche-Hongrie - aujourd'hui Sambir, Ukraine) - 1999, Paris

Lonek vient en France en 1925 et suit des études de médecine. En 1942, il rencontre son épouse, Malwina Zien, née à Lwow, venue en France faire ds études de médecine.

Lonek est médecin des dirigeants FTP-Moi. "Jacques" est son prénom de résistant.

Dénoncé, il est arrêté début janvier 1944, interné au camp de Drancy, déporté par le convoi 67, le 3 février 1944.

Il a été l'un des fondateurs de l'Amicale d'Auschwitz et fit partie de façon continue de son Conseil d'administration. 

 

Libération

Greif Jacques (Léon - Lonek)
Pologne / Auschwitz I | Libération des camps

Grinholtz Albert (Abor)

1920, Opseznu (Pologne) – 2003, Paris

Les parents d’Abor (Albert) avaient émigré en France dans les années 1920. Il est arrêté le 14 mai 1941 à Paris dans le cadre de la Rafle dite du « Billet Vert ». Il est interné au camp de Pithiviers puis déporté le 26 juin 1942 au camp de Birkenau (Convoi 4, Matricule 42083). Ses proches sont également arrêtés et déportés : son frère Jacob, 19 ans (Convoi 4), son père Jacob (Convoi 13, 31 juillet 1942), sa mère Sura (Convoi 16, 16 août 1942).

Après 6 mois passés au camp de Birkenau dont 3 dans le Kommando qui devait constuire le camp de Buna Monovitz, il est transféré au camp d’Auschwitz puis durant un mois au camp de Budy avant de revenir à Auschwitz. Au moment de l'évacuation (18 janvier 1945), il se cache sous un tas de charbon. Il est libéré à Auschwitz même par l'Armée Rouge, le 27 janvier 1945.

Ma libération à Auschwitz

Grinholtz Albert (Abor)
Pologne / Auschwitz I | Libération des camps

Le 18 janvier au matin, on parle d'évacuer le camp

Grinholtz Albert (Abor)
Pologne / Auschwitz I | Libération des camps | 06:29

Grinspan Ida

1929, Paris – née Fensterszab

Ses parents avaient émigré de Pologne en 1924. En juin 1940, il la place chez une nourrice dans les Deux-Sèvres. C'est par un courrier que son père lui annonce l’arrestation de sa mère lors de la rafle du Vél' d'Hiv, en juillet 1942. Elle-même est arrêtée le 30 janvier 1944 à Sompt (Deux-Sèvres) chez sa nourrice, par trois gendarmes français. Interrogée à Niort, les autorités tentent de lui soutirer l’adresse de son père et de son frère aîné, elle résiste.

Elle est transférée à Drancy puis déportée le 10 février 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau (Convoi 68, Matricule 75360). Une coiffure qui la vieillissait un peu lui a sans doute permis d’entrer au camp alors qu’elle n’avait que 14 ans et demi. Elle connaît successivement le camp de Birkenau puis celui d'Auschwitz qu'elle quitte le 18 janvier 1945. Après la Marche de la Mort, elle est internée dans les camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe en Allemagne où elle est libérée le 2 mai 1945, très affaiblie.

A son retour, elle a 15 ans et demi. Elle retrouve son frère, seul membre de sa famille. Sa mère a été déportée en juillet 1942, son père en juillet 1944.

Elle a publié son témoignage, écrit avec Bertrand Poirot-Delpech, J’ai pas pleuré, Paris, Robert Laffont, 2002

Aucune commune mesure avec ce qui se passait à Birkenau

Grinspan Ida
Pologne / Auschwitz I | Hygiène | 01:50

Il y avait une potence avec deux cordes

Grinspan Ida
Pologne / Auschwitz I | Révolte des Sonderkommandos | 04:11

Le 18 janvier, on nous annonce que l'on part

Grinspan Ida
Pologne / Auschwitz I | Marches et trains de la mort | 05:05

Montard Sarah

1928, Dantzig - née Litchtsztejn

Ses parents émigrent en France en 1930. Arrêtée une première fois avec sa mère, Maria, le 16 juillet 1942 lors de la rafle du Vel d'Hiv à Paris, elle parviennent à s'en évader. Elles sont arrêtées de nouveau le 24 mai 1944, internées à Drancy, déportées le 30 mai 1944 à Auschwitz Birkenau (Convoi 75, Matricule A 7142). Sarah connaît successivement les deux camps de Birkenau et d'Auschwitz. Le second jour de la Marche de la Mort, elle retrouve sa mère sur la route. Les deux femmes sont internées au camp de Bergen-Belsen en Allemagne, libérées le 15 avril 1945. A son retour avec sa mère, elle retrouve son père.

Elle a publié un témoignage, Chassez les papillons noirs : récit d'une survivante des camps de la mort nazis, Paris, Le Manuscrit, Coll. Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2011
 

Le 18 janvier, on nous annonce que l'on part

Montard Sarah
Pologne / Auschwitz I | Marches et trains de la mort | 05:05

Rohatyn Léa

1925, Tinqueux (Marne) - née Schwartzmann

Ses grands-parents paternels avaient émigré de Russie. Elle est arrêtée le 27 janvier 1944 à Tinqueux avec ses parents et 11 frères et sœurs. Ils sont internés à la prison de Reims puis au camp de Drancy. Ils sont déportés le 3 février 1944 à Auschwitz Birkenau (Convoi 67).

Seules Léa (Matricule 75161) et sa sœur Suzanne rentrent au camp et demeurent ensemble toute la déportation, tous les autres membres de la famille sont assassinés à l’arrivée. Léa connaît successivement les deux camps de Birkenau puis d'Auschwitz qu'elle évacue le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort la conduit dans les camps de Ravensbrück puis Malchow et Leipzig en Allemagne. Elle est libérée à Leipzig en avril 1945.

A son retour, avec sa sœur aînée, elles retrouvent un frère, seul non déporté de la famille.    

Jusqu'au lendemain, nous n'avons pas cru

Rohatyn Léa
Pologne / Auschwitz I | Apprendre l'existence des gazages | 01:42

C'est notre cimetière

Rohatyn Léa
Pologne / Auschwitz I | Cimetière | 01:14

Roth Nicolas

1928, Debrecen (Hongrie)

Il est arrêté le 5 avril 1944 à Debrecen avec sa famille et interné à la Briqueterie de cette ville. Déporté le 27 juin 1944 à Birkenau avec ses parents et sa sœur Magda (Matricule A 17140). Nicolas est le seul à entrer au camp. Il est envoyé au camp d'Auschwitz où il reste jusqu'à l'évacuation, le 18 janvier 1945. Il effectue la Marche de la Mort qui le conduit au camp de Dachau. Il y est libéré le 29 avril 1945.

Après 10 mois passés dans des camps de personnes déplacées, il décide de venir en France. Ses parents sont morts au camp. En France, il retrouve une sœur et son frère. 

Il a pulié un témoignage : Avoir 16 ans à Auschwitz. Mémoires d'un Juif hongrois, Paris, Le Manuscrit, Collection Témoignages de la Shoah, FMS, 2011      

Le salon bourgeois du Blockältester

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Prisonniers de fonction | 00:57

Le SS a dit : « Il manque deux pièces »

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | L'appel | 01:59

Kommando DAW - Deutsche Ausrüstungswerke

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Auschwitz-Birkenau - Kommandos des camps | 04:15

La fonction de Blockältester

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Prisonniers de fonction | 00:46

Les gens, en sommeillant, poussaient des sons bizarres

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Peurs et angoisses | 03:32

On est tellement fatigués

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Epuisement des êtres | 03:12

J'étais obsédé par le papier

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Hygiène | 04:57

La route des poux

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Hygiène - Les parasites | 03:51

On ignorait l'existence de ce crématoire

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Apprendre l'existence des gazages | 02:58

Vous savez, ça, ce sont des cendres humaines

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Centre de mise à mort | 00:00

Vous savez, ça, ce sont des cendres humaines

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Centre de mise à mort | 04:14

Un SS l'a attrapé au cou avec une canne

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 02:49

C'était presque naturel qu'un vieux ait été sélectionné

Roth Nicolas
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 01:50

Vanryb Nathan

1924, Varsovie - 2016, Paris

Issu d'une famille polonaise, venue en France en 1926, il est arrêté le 12 avril 1942 à St-Paul-de-Lizonne, interné à la prison d'Angoulême puis dans les camps de Poitiers et Drancy.

Il est déporté le 19 août 1942 au camp de Birkenau (convoi 21, Matricule 60601). Fin 1942, il est transféré au camp d'Auschwitz puis, en mai 1943, à Eintrachthütte, sous-camp du complexe d'Auschwitz (Swietochlowice).
En janvier 1945, il subit un nouveau transfert, au camp de Mauthausen (Autriche) puis à Leipzig (Allemagne). En avril 1945, il doit marcher 18 jours vers Leitmeritz (nom allemand de Litomerice, Tchécoslovaquie) et le camp de Theresienstadt (Terezin) où il est libéré le 8 mai 1945.

A son retour, il retrouve son père et apprend que son frère a été fusillé pour faits de résistance. Les autres membres de sa famille, sa mère, sa sœur, ses deux frères sont morts à Birkenau.

Les témoignages vidéos proviennent de deux sources différentes : UDA et Mémoire Demain (dvd Hatier, 2009)

Les trois jours qu'on a mis pour venir ici

Vanryb Nathan
Pologne / Auschwitz I | Les convois | 01:22

C'était nous qui voyions les nouveaux convois

Vanryb Nathan
Pologne / Auschwitz I | Témoin du génocide | 02:17

Il y avait un kiosque à musique pour les familles des SS

Vanryb Nathan
Pologne / Auschwitz I | Orchestre | 01:17

J'avais tout le temps peur

Vanryb Nathan
Pologne / Auschwitz I | Peurs et angoisses | 01:08

On était là pour coudre le numéro

Vanryb Nathan
Pologne / Auschwitz I | Entrée - Enregistrement | 01:50

Ta mère vient d'arriver de Drancy

Vanryb Nathan
Pologne / Auschwitz I | Perte des siens | 04:33

Je me suis glissé en dessous du châlit et j'ai pas bougé

Vanryb Nathan
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 01:45

Vidéo historique

La Shoah à l'echelle Européenne

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 01:47

Auschwitz

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 02:04

La Judenramp

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 00:34

L'Union Werke

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I | Sélections dans le camp | 00:21

Zelty Charles

Texte publié prochainement.

Zelty essai

Zelty Charles
Pologne / Auschwitz I | Situations dans les camps - Début 1945 | 00:00
La Shoah à l'echelle Européenne

La Shoah à l'echelle Européenne

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I
00:01:47
Auschwitz

Auschwitz

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I
00:02:04
La Judenramp

La Judenramp

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I
00:00:34
L'Union Werke

L'Union Werke

Vidéo historique
Pologne / Auschwitz I
00:00:21