Le râble de lapin

En rentrant un soir, Max [Brézillon] m'attire dans un coin et déballe sous mes yeux émerveillés, un énorme râble de lapin. « Où as-tu eu ça ? ».

« C'est un infirmier du bloc des expériences (les Allemands ne prenaient pas que des hommes pour leurs essais) qui me l'a refilé. C'est un lapin qui a servi aux expériences et il est sans doute contaminé, mais l'Allemand m'a dit qu'il l'avait fait bouillir longtemps. »

Nous nous sommes regardés et puis, sans dire un mot, nous avons dévoré en quelques minutes le râble de lapin.

René PHILIPPON, Le Serment. Buchenwald, Dora et Kommandos, 1972, n°86