Dans l’immobilité pendant des heures entières…

>Sur ce rectangle de 400 mètres sur 250 mètres étaient disposés nos logements en bois d’environ 40 mètres sur 10 mètres appelés blocks.

Les blocks sont tous parallèles et éloignés les uns des autres de 10 mètres environ. Faisant face aux rangées de blocks étaient les cuisines, douches et salles d’épouillage. Cette partie située entre les blocks et les cuisines constituait la place où avaient lieu les rassemblements. Ces rassemblements, en plein air, par tous les temps, dans l’immobilité pendant des heures entières et sans motif autre que de nous infliger des souffrances physiques et morales, étaient toujours notre terreur. Nous y étions insultées, frappées, mordues par les chiens, c’est là que nous étions choisies pour le grand voyage, au hasard ou sur simple recommandation d’une surveillante qui nous avait assez vues. C’est de là, enfin, que dans le grand silence d’un garde-à-vous nous entendions des coups de feu derrière le mur d’enceint. C’était l’exécution de nos compagnes que l’on tenait à nous faire entendre.

Lucienne SIMIER, 2 ans au bagne de Ravensbrück, Hérault-Editions, 1992, p.24